© Coopérative Direction Humaine des Ressources (DHR)
Un documentaire qui relate, par le biais d’interviews de paysans du hameau de Colonia Hansen, la transformation de l’agriculture argentine au cours des quinze dernières années...
« Le bonheur, ça ne se raconte pas. C'est comme une tarte aux pommes, ça se mange jusqu'à la dernière miette qu'on ramasse sur la table avant de lécher le jus doré qui macule les doigts. » disait Franz-Olivier Giesbert. Et les premiers plans de "Histoires de la plaine" instaurent tout de suite l’ambiance : dans un village calme, où, à priori, rien ne se passe une tranquillité pesante s’installe… Un bonheur passé qui se contemple dans le calme ? Ou la pression du secret qu’on impose aux habitants de la région ? Dans les deux cas, ce silence est symbolique. Pendant que nous attendons le retour de la parole, nous contemplons le visage de ces âmes que la vie n’a pas épargné.
Loin des documentaires didactiques et grands publics d’Arte, ce film possède une certaine force. On sent qu’il est fait avec le cœur de celui qui se bat pour un monde meilleur. Pour dire à voix haute ce que tout le monde pense tout bas, il a fallu du courage à ces habitants pour dénoncer publiquement ce qui se passe là-bas, malgré les fortes pressions qui pèsent sur eux. Chaque agriculteur parle avec sincérité, et il est plaisant d’entendre s'exprimer des hommes de leurs expériences plutôt que des chiffres et des pourcentages.
Le début très lent du film pourra en rebuter certains, mais pour ceux qui regarderont jusqu’au bout, les propos tenus par les habitants risquent de marquer durablement. Encore une fois nous rentrons dans le cercle vicieux du « progrès » exponentiel détruisant un peu plus la terre. Et c’est à nous, citoyens, de jouer notre rôle et de nous dépenser pour la société que l’on veut créer, un seul mot pour ça : la consom’action. Si ce film est un rayon de soleil dans un abysse d’ignorance, il permettra peut-être d’éclairer le chemin de gens comme moi, afin de guider leurs choix pour demain.
CONTRE : Niveau -2 - Soporifique et statique
La manière dont est produite la nourriture et tous les impacts écologiques et sanitaires qui en découlent gagnent du terrain dans les consciences des consommateurs aujourd’hui. Certes, c’est en grande partie dû aux scandales sanitaires révélés (voir la récente affaire des œufs au fipronil) mais c'est aussi grâce à l'existence de documentaires (comme « Histoire de la Plaine »), qui dénoncent des pratiques détruisant l’écosystème des régions productrices de matières premières pour le sacro-saint remplissage du tiroir-caisse de grands groupes industriels.
Cependant, avoir un bon et intéressant sujet n’exempte pas à tenter de faire un bon film, c’est-à-dire en essayant d’engager le spectateur. Car en matière de documentaire, tout est dans la manière de présenter le sujet, d’ordonner, de rythmer les séquences, pièces après pièces. Or le gros problème d’"Histoire de la Plaine" est, qu’en plus d’être austère, il tourne très vite en rond. Au final, on sent bien que Christine Seghezzi manque de matière en se limitant au hameau de Colonia Hansen, certes emblématique du phénomène de la culture de soja transgénique ayant pris le pas sur la culture bovine pour d’évidentes raisons de rentabilité.
Conséquences : le film est bourré de longs plans fixes n’apportant absolument rien, si ce n’est l’ennui ou lui conférer un statut de long-métrage en atteignant péniblement 1h12. Certains de ces plans pourtant nécessaires auraient pu être intelligemment utilisés pour illustrer les témoignages des agriculteurs et habitants du hameau (qui se succèdent entre deux temps de torpeur en plans fixes de plusieurs minutes). Malheureusement, c'est souvent pour tenir le même propos qu'ils interviennent tour à tour.
Au final, ce documentaire n’apporte malheureusement rien de plus que ce qu’avait exposé, par exemple, avec brio Coline Serreau dans son "Solutions locales pour désordre global".
30-08-2017
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