© Universal Pictures International France
40 ans après la Nuit des Masques lors de laquelle Michael Myers à assassiner sauvagement sa sœur à coups de couteau ainsi que cinq autres personnes, le tueur connu sous le nom de The Shape, ou Le Croquemitaine, parvient à s’échapper. Mais Laurie Strode s’y est préparée. Elle attend cette heure depuis 40 ans…
40 ans. C’est donc l’âge de l’un des chefs-d’œuvre de Carpenter, dans lequel sa propre musique entêtante venait soutenir le genre du slasher dont on peut quasiment lui accorder la paternité. Ainsi donc, le film de David Gordon Green, qui réussit à réunir deux acteurs originaux et Carpenter lui-même, à la production et à la musique, avait de quoi charmer bien des férus de genre et autres spectateurs de saison.
Le problème principal de ce nouvel opus est la bêtise des personnages. Le premier film présentait des adolescents, un peu niais, qui faisaient face au mal incarné : un tueur sanguinaire, méthodique et apparemment invulnérable. Or, 40 ans plus tard, ce sont bien des gens plus âgés et qui ont acquis une expérience des méthodes de Myers. Comment est-il alors possible qu’ils soient tous autant incapables et inefficaces les uns que les autres ? L'effet de surprise n'a plus lieu, toute la police sait que Myers existe et s'est échappé, mais personne ne semble pouvoir l'arrêter. Le tueur est comme un enfant de six ans dans le corps d'un homme de 40, il ne sait pas conduire et ne se déplace qu'à pied ; il n'utilise pas d'arme, juste un couteau et ses propres mains. Pourtant, personne ne semble pouvoir l'arrêter. Mais bon, admettons.
Le seul personnage impardonnable est celui de Laurie Strode. Comment une jeune fille aussi déterminée et courageuse dans le premier film devient-elle cette grand-mère certes ultra-organisée, mais qui semble perdre tout bon sens quand il s’agit d’être dans l’action ? Y compris dans les scènes cruciales où elle est censée avoir regagné son sang-froid ? Pour donner un exemple de ce que peut être une transformation réussie et cohérente, malgré des défauts d’un personnage entre deux films d’une même franchisse, il suffit de regarder le personnage de Sarah Connor entre le premier et le deuxième "Terminator". Sa trajectoire est la même que celle de Laurie Strode. Mais le traitement de Cameron fait sens dans sa mise en scène et l'idée d’en faire une bad-ass est tenue jusqu’au bout, alors qu’ici, le personnage de Laurie est complètement creux. Elle était bien plus efficace et puissante dans le premier "Halloween".
Devant cette absence d’enjeux et cette fin qui nous en promet beaucoup et qui reste ouverte, on se dit que Leatherface a encore bien du temps devant lui et que devant la bêtise de ses poursuivants, il n’a pas trop de soucis à se faire. Le film aurait peut-être gagné à être plus intime, à réduire le nombre des personnages et comprendre que ce n’est pas en introduisant les victimes que l’empathie ou l’émotion vont augmenter du côté du spectateur, mais que c’est en resserrant l’action que l’on augmente la tension et que justement, le ressort d’"Halloween" n’est pas le jump-scare, mais bien le slasher. C’était davantage l’arrivée du mal absolu et inarrêtable dans la petite banlieue américaine qui faisait peur dans "Halloween". C’est la terreur (et non le simple sursaut) qu’avait su éveiller Carpenter en son temps.
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