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Un homme part à la rencontre des Grizzly de l’Alaska. Pendant plus de 10 années, il va apprendre à se faire aimer et respecter des ours, en vivant quelques mois parmi eux. Mais sans être un véritable biologiste, il va progressivement perdre une partie de sa raison au contact de ces créatures. Et même plus…
A travers ce documentaire, le réalisateur Werner Herzog retranscrit à partir de cassettes vidéos tournées par Tim Treadwell lui-même, la vie de cet homme qui est parti au contact des ours, certainement pour mieux les connaître, sûrement pour se retrouver ! Car le réalisateur, tout doucement, glisse de son sujet premier, l’action de Tim Treadwell en faveur de la préservation des ours, vers la découverte de cet homme et de ses limites, allant jusqu’à un certain jugement de son comportement.
Le spectateur, totalement passif, suit les tribulations de cet homme ayant tous lâché afin de se consacrer à sa passion. Une passion dévorante, brûlante qui l’entraîne vers de magnifiques paysages, mais plus certainement vers une folie, une paranoïa et une violence envers ses congénères. Certes on peut le prendre pour un illuminé, mais force est de constater que son discours révèle certains angles d’attaque écolos bien sentis, dans lesquels le réalisateur s’engouffre, sans toutefois trop les développer. La vision de la nature, son insistance à se faire aimer des ours paraissent des intentions louables, voir même intégristes.
Mais la façon dont il les exprime, d’après le montage du réalisateur, fait se douter qu’une folie destructrice s’empare de lui, et montre qu’il entraîne d’autres personnes dans son délire (notamment la jeune femme qui partagera ses derniers instants). L’impression laissée par cet homme est assez ambiguë, car autant qu’un fervent défenseur des animaux et des ours en particulier, il apparaît comme un enfant qui se retrouve en pleine nature idéalisée, un endroit qui devient son royaume, et les êtres qui y habitent des animaux de légende. D’ailleurs tous les autres intrus, humains surtout, y sont ressentis comme des ennemis, plus prompte a briser son univers qu’à réellement déranger un écosystème.
Et c’est progressivement sur cet aspect que le réalisateur semble se focaliser, comme pour bien insister sur le fait que l’homme fait partie de la nature, qu’il ne peut ni la contrôler, dans un sens comme dans l’autre, qu’il en soit agresseur ou défenseur comme dans le cas présent. Elle se suffit à elle-même et est régie par ses propres règles. Cet homme, tel Don Quichotte face à ses moulins, qui tente de se faire accepter des ours, de devenir leur ami, interprète tous les signes qui lui semblent positifs, mais plus il pense y arriver, plus il se referme dans sa névrose, dans son monde imaginaire. Et devient progressivement prisonnier de celui-ci. Car si au début de sa quête, il va à la rencontre des ours pour les défendre auprès de la civilisation humaine, peu à peu, ce désire disparaît au profit d’une étrange identification. De parler au grizzly, il veut devenir grizzly et c’est là ce qui causera sa perte.
De nombreuses longueurs viennent atténuer le propos du documentariste, d’autant que la petite bande d’amis ne rassure pas vraiment, avec les visages caricaturaux d’écologistes sur le retour et de proche au comportement proche de la dépression. Le tout donne au final un documentaire étonnant, au rythme lent et au personnage qui devient petit à petit agaçant, puis inquiétant. On soulignera un dernier point, le fait que l’histoire peut paraître tellement incroyable, que ceux qui ont vu « Incident au Loch Ness » de Herzog, l’an dernier, pourront douter de la véracité des faits ! On laisse planer le doute.
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