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Ville de Grande-Synthe, banlieue de Dunkerque, dans le Nord Pas de Calais. De la rencontre avec le maire de la ville, Damien Carême, les associations, les habitants et grâce à connivence des membres de la Compagnie des Mers du Nord, dirigée par Brigitte Mounier, émerge un tableau très visuel de la ville. Une ville riche de vie et de couleurs qui incarnent différentes réponses politiques et humanitaires face aux crises et fractures du monde moderne...
"Grande-Synthe", documentaire de Béatrice Camura Fraud, aurait dû s'ouvrir sur un plan séquence sur la digue et l’usine d’ArcelorMittal depuis un bateau, suivi d’un progressif mouvement vers la Fête du Monde Paysans. Mais pour une série de problèmes techniques, ce n'est pas ce plan qui ouvre le film. L'ouverture se fait sur un plan de la digue, et une histoire de sa construction. En entrant de cette façon dans la ville, c’est l’humain et son industrie qui sont immédiatement placés au cœur du propos. Les acteurs de la Compagnie des Mers du Nord, dans un discours très écrit et théâtral, racontent l'histoire de cette ville et l'influence de ces immenses usines polluantes sur la vie des grand-synthois.
Béatrice Camura Jaud, dans son film, compose de très belles images, chargées en émotion. Il s'agit pour elle de prendre vraiment le temps de regarder et de faire émerger la beauté de toutes les situations qu'elle filme. En un an de tournage et de repérages, et après un grand travail d'écriture, elle fait, souvent seule, le portait d'une ville au travers de ses acteurs et leurs actions dans des domaines aussi diverses que l'accueil des migrants, l'écologie, l'économie et la vie sociale.
Des belles images et de belles actions pour montrer qu'il n'y a pas de problème de migration et d'accueil quand les politiques et les citoyens s’attaquent réellement au problème et donnent de leur temps. Pour David Carême, maire de la ville, la seule réponse possible à toutes les crises actuelles est l'écologie. Elle est la seule réponse viable dans le secteur de l’accueil, de l’économie, de l’industrie et du social. Les mesures qu’il prend pour défendre cette idée sont bien réelles : la construction d'un éco-quartier, le passage à une cantine bio et la création de jardins partagés.
L'alliance de scènes intimes comme le témoignage d'un haut-fournier et de scènes de groupes, dans le camp des migrants, à la Fête du Monde Ouvrier et au carnaval, donne une idée du bon vivre, de la cohésion et de la générosité qui peut exister dans cet endroit. Certains éléments sont d'une beauté saisissante, comme les panaches de fumée blanche ou les flammes bleues sortant des cheminées des usines noires et rouillées. D'autres images font sourire quand par exemple les CRS sont en rang devant le camp vide des migrants et que dans leur dos, une immense banderole « Welcome » les surplombe. La scène la plus touchante du film est une scène de femmes où, dans le camp détruit, un chant se met à retentir. Un moment de grâce, posé sur cette misère, qui vient la dépasser et donner espoir.
Le film est, au final, très proche des gens qu'il interroge. Ils sont saisis dans leurs actions quotidiennes, leurs fêtes et leur vivre ensemble. Béatrice Camura Jaud, dans ce film, explique par l'image comment il fait bon vivre dans cette petite ville du Nord de la France, comment cette ville, sous une nappe de brouillard venue des hauts fourneaux, est devenue la capitale de la biodiversité et pourquoi pas "la capitale de l'humanité", en France.
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