© Paramount Pictures France
Un gardien de prison est chargé de surveiller les agissements de l'activiste Nelson Mandela. Elevé dans une ferme, et parlant l'africaan, il participe de l'isolement de l'homme depuis ses rares visites autorisées au parloir jusque dans ses travaux forcés. Au fil des ans, entre lui et Mandela, une certain forme de respect va peu à peu s'installer...
'Goodbye Bafana' marque le retour attendu de Bille August, double palme d'or à Cannes ('Pelle le conquérant', 'Les meilleurs intentions') avec un sujet politique en or. Malheureusement, le réalisateur se concentre sur la vie privée du gardien (Joseph Fiennes, droit comme un 'i') en échos aux évènements qui marquent la vie carcérale de Mandela, laissant peu transparaître l'évolution politique du pays ou le contexte d'oppression extérieur à la prison. Il nous livre ainsi un portrait de Mandela à peine esquissé, ses idées étant réduites à des extraits d'un 'manifeste pour la liberté' cité grosssièrement à plusieurs reprises, notamment comme message de fin du film.
Même les conditions de détension du leader politique ne font pas l'objet de grands développements, se limitant aux peu crédibles scènes de parloir, à quelques promenades, puis à une résidence surveillée dont on ne nous montre que les intérieurs cosys. Au lieu de cela, Bille August se concentre sur la vie privée du gardien, ponctuée de nombreux déménagements et de menaces grandissantes au fil de l'évolution de ses opinions. Et même si le scénario met en parallèle certains évènements communs aux deux compagnons involontaires, de la séparation des proches, aux difficultés de communication, à la perte de leurs fils respectifs, ce choix initial d'un regard extérieur s'avère à longue pénalisant, faisant presqu'oublier les véritables enjeux de la lutte psychologique engagée.
D'un sérieux et d'une droiture colossales, Dennis Haysbert interprète un Mandela avare de paroles et d'apparence peu actif, et on a presque du mal à le distinguer de son rôle du président Palmer dans '24 heures chrono'. Aux côtés de Joseph Fiennes, Diane Kruger joue les faire-valoir imbécile, basiquement raciste, qui retournera 'forcément' sa veste au dernier moment, allant jusqu'à saluer le futur premier ministre de l'Afrique du Sud comme s'il était un ami, alors qu'on nous la montre lointaine jusqu'au bout, et peu impliquée...
Plombant sa mise en scène par quelques flashs back sur l'enfance du gardien et sa honteuse amitié avec un enfant noir prénommé Bafana, Bille August signe un film extrêmement en retrait du point humain, et sans véritable retentissement politique ni grande émotion. Le discours sous-jacent sur la tolérance est assez facile, d'autant plus que les personnages sont souvent proches de la caricature. Ajoutez à cela quelques discussions pour expliquer l'arpartheid aux enfants qui frisent le grotesque, et vous aurez une idée du niveau de déception généré par 'Goodbye Bafana', éveil bien lourd d'un homme à la différence.
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