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Eric a 10 ans et sa mère ne peut plus s'occuper de lui. Il se retrouve contraint à habiter avec son père, Gabriel, un modeste artisan. Eric n'a pas envie de vivre avec ce père qu'il connait à peine. En plus, pour ne pas le laisser seul à l'appartement, il l'amène tous les jours chez sa cliente, Maria Isabel, qui tient absolument à ce que le jeune Eric se sente comme chez lui et joue avec son fils…
Premier film du jeune cinéaste colombien Franco Lolli ayant fait ses armes à la Femis, "Gente de bién" s'attache à dévoiler comment les intentions les plus louables peuvent creuser un sentiment d'inégalité chez ceux qui les reçoivent. Le titre a par ailleurs une double connotation en espagnol : "Gente de bién" peut faire référence aux « gens biens », mais aussi aux personnes fortunées.
Le personnage de Maria Isabel épouse ces deux définitions. Cette mère de famille aisée emploie Gabriel pour rénover ses meubles et sait que l'artisan fait face à de grandes difficultés. Il est au bord de l'éviction de son logement alors qu'il doit reprendre la garde d'Eric, son fils de 10 ans, qu'il connait à peine. Maria Isabel les aide d'abord matériellement. Elle prête quelques pesos à Gabriel. Elle fait les placards de son propre fils pour y trouver des habits à la mode qui pourrait convenir à Eric. C'est sur le point de vue des gamins que s'attache Franco Lolli via le talentueux Brayan Santamaria qui interprète Eric, le protagoniste de ce drame social. Le jeune acteur, expressif et spontané, porte littéralement la puissance du film sur ses petites épaules.
Eric est réfractaire à peu près tout ce qui arrive dans sa vie en ce moment. Contraint de vivre chez son père qu'il ne connait pas, il est également obligé de l'accompagner au travail et de s'acclimater à un environnement avec lequel il n'est pas familier. Alors que Maria Isabel, désireuse de le protéger de sa condition d'enfant défavorisé, lui porte de l'attention, l'incite à jouer avec son fils et tente de l'intégrer dans sa famille, Eric se voit rapidement comme un intrus au sein de cette cellule familiale qui n'a rien à voir avec celle qu'il a connu. Les infantiles jalousies jaillissent et montent crescendo dès lors que Maria Isabel prend la décision de loger Eric lors des fêtes de Noël. Les incompréhensions ne sont, dès lors, plus seulement partagées par les enfants mais aussi par le reste de la famille, qui ne comprend pas l'inébranlable volonté de Maria Isabel à se mettre en quatre devant un Eric ingrat.
Le fait est qu'en tentant de combler l'absence de confort matériel d'Eric, Maria Isabel lui fait instantanément prendre conscience du fossé qui le sépare de ces gens qui l'accueille. Pour couronner le tout, la cruauté et l'effet de groupe propre aux enfants de cet âge achèvent de lui faire remarquer cette mise à l'écart même si un rare moment de grâce sur un cheval lui fera un instant oublier sa condition. Fanco Lolli, abordant sa réalisation à la manière d'un documentaire observant les relations au sein d'un petit groupe de personnes, parvient à retranscrire les frustrations des protagonistes avec douceur et minimalisme et montre avec brio que les meilleures intentions ne produisent pas forcément les meilleurs résultats.
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