Biographie aseptisée d'un édifice passionnant

Contrairement à ce beaucoup de gens pensent, la Sagrada Familia n'est pas une cathédrale. Il s'agit en fait d'un « temple expiatoire », considéré par l'église comme une basilique mineure. S'intéressant avant tout à l'édifice, le documentariste suisse Stefan Haupt nous livre une production télévisuelle qui rend difficilement hommage au génie de Gaudi et de ceux qui lui ont succédé, ne réussissant pas à saisir l'ampleur de l'oeuvre, malgré une exploration minutieuse de son système constructif.

Plus que d'enquêter dans le détail sur l'histoire de l'édifice, de la disparition de la plupart des plans, aux enjeux contemporains concernant l'empiètement d'immeubles sur ce qui aurait dû être une esplanade ou place, côté façade de la Gloire, le réalisateur s'attarde sur la part de tous les acteurs à ce qui demeure une création collective, et surtout la construction d'un édifice de cet ampleur, qui devrait encore durer quelques 50 ans.

Il met ainsi en avant les artisans, artistes et architectes qui oeuvrent actuellement pour que le chantier avance, et relate la fermeture de la Nef – consacrée par le Pape, la future flèche centrale et sa croix lumineuse, le design de la fabuleuse façade de la Gloire – dont personne ne sait encore trop comment réaliser la structure, les motifs floraux des colonnes, ou la création des vitraux colorés. L'utilisation de matériaux, techniques et motifs modernes semblent s'intégrer parfaitement à cette oeuvre démesurée et intemporelle, que ce documentaire a bien du mal à capturer dans ses ambiances, ne rendant que peu l'émotion qui vous submerge devant ce chantier de deux siècles que chacun peut aujourd'hui visiter à sa convenance.