affiche film

© Warner Bros. France

GATSBY LE MAGNIFIQUE

(The Great Gatsby)


un film de Baz Lurhmann

avec : Leonardo DiCaprio, Tobey Maguire, Carey Mulligan, Isla Fisher, Elizabeth Debicki, Joel Edgerton, Jason Clarke, Adelaide Clemens, Callan McAuliffe

1922. Nick Carraway, un jeune écrivain en devenir, s’installe dans la banlieue newyorkaise pour se lancer dans une entreprise d’investissement. Son voisin n’est autre que le mystérieux millionnaire, M. Gatsby, dont tout le monde parle, mais que personne ne connait. Il sera alors entrainé dans ce tourbillon de fêtes et de débauches que l’argent joué en bourse pouvait acheter. Non loin de lui sont installés sa cousine Daisy et son riche mari, Tom Buchanan. En leur compagnie, Nick sera le témoin des frasques de la nouvelle bourgeoisie newyorkaise, pleine d’insouciance et de vices…


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Photo film

Love is blindness

Déjà adapté une première fois en 1974 par Jack Clayton, "Gatsby le magnifique" prend un nouveau souffle 88 ans après sa première sortie dans les librairies, sous la direction de Baz Luhrmann. Pour donner vie au New York des années 20, il fallait recréer un décor de faste et de paillettes, une sorte de mirage étourdissant. Et pour cela, l’imaginaire et la créativité de Baz Luhrmann sont sans pareil. Lui, qui avait recréer son "Moulin Rouge", a imaginé pour Gatsby un château dont la démesure est comparable à celle du Roi soleil, avec une salle de réception théâtrale, une chambre gigantesque, une salle de bal aux allures de cathédrale, une piscine abyssale… et des fêtes orgiaques où le champagne coule à flots et les spectacles s’enchainent à un rythme effréné, au son des orchestres de jazz, et où les femmes en robe fluide laissant deviner leur ligne filiforme déambulent entre les hommes, une cigarette au bout des lèvres, pendant que ceux-ci s’enivrent, tout en jouant avec les cordons de la bourse. Une ronde vertigineuse, qui n’est pas sans rappeler l’avant crise des subprimes de 2007 et la surconsommation qui l’avait précédé. C’est dans ce contexte que le naïf Nick Carraway va découvrir ce monde extravagant qui a perdu pied avec la réalité.

Tout comme dans le livre de F. Scott Fitzgerald, le personnage de Nick en est le narrateur. Que ce soit en voix-off, ou bien lorsqu’il raconte son histoire à son psychiatre, la voix douce de Tobey Maguire décrit avec soin la chronologie des évènements qui ont conduit à la chute du mystérieux millionnaire, pour lequel il éprouve une tendre affection et fascination. Malheureusement, petit à petit, cette douceur, qui contraste fortement avec le tumulte de la fête et sa bande-son survoltée, commence à bercer le spectateur, qui, de toute façon, se sent exclu de celle-ci… D’ailleurs, le point commun entre ces personnages est la solitude dans laquelle ils se sentent enfermes malgré le nombre de personnes qui les entourent.

Pour incarner Gatsby, et pour tenter de faire disparaitre le fantôme de Robert Redford, Baz Luhrmann a choisi de collaborer à nouveau avec Leonardo Di Caprio (il l’avait déjà fait tourner dans "Romeo + Juliet" en 1996). Grace à son charisme naturel, il s’impose en gentleman mystérieux, bien élevé et séducteur, laissant transparaitre sporadiquement ses faiblesses en présence de son unique ami, faisant preuve d’une grande pudeur. Face à lui, Carey Mulligan s’essaie à jouer les jeunes femmes lascives et désirables. C’est malheureusement une tentative peu convaincante pour l’actrice, dont les yeux de petite fille punie trahissent le désespoir, et non le désir pour l’homme qui l’avait fait vibrer quelques années auparavant.

"Gatsby le magnifique" est une belle tentative de remake romantique et exubérant du roman de Fitzgerald. L’histoire d’amour perdu et retrouvé était parfaite pour un incorrigible romantique comme Baz Luhrmann. Néanmoins, son choix narratif et les mouvements de cameras stylisées réussissent à faire oublier le cœur de l’histoire : l’amour qui unit Gatsby à Daisy. Il passe à côté des émotions qu’il avait su susciter dans "Romeo + Juliet" ou dans "Moulin Rouge" : la puissance des sentiments amoureux entre deux êtres que les milieux sociaux opposent. Malheureusement, on ressort de ce film sans grande émotion, mais tout en gardant en tête la mélodie enivrante de Lana Del Rey : « Young and beautiful ».

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