© Gaumont Distribution
Lors d'une ronde de nuit qui tourne mal, Simon et Julie, deux simples gardiens de la paix, blessent un jeune cadre qui a abattu sans raison un de leurs coéquipiers. Accusés à tort de bavure et lâchés par leur hiérarchie, ils décident de prouver leur innocence en enquêtant sur la drogue, responsable du coup de folie de leur agresseur...
Méticuleux et humain, voilà les deux adjectifs caractérisant le cinéma de Nicolas Boukhrief. En effet, cet ancien journaliste de la défunte revue « Starfix » aura toujours su allier, dans ses polars, rigueur formelle évidente et intérêt réel pour ses personnages. Et ce n'est pas son dernier film qui viendra contredire cet état de fait. A l'instar de l'excellent "Convoyeur", "Gardiens de l'ordre" s'intéresse à des figures jusqu'alors jamais mises en avant dans le cinéma français. Simples silhouettes ou figurants, les flics en uniforme gagnent enfin le droit de cité à l'écran, par le biais d'un cinéaste bétonnant son contexte social (les rondes de nuit, le travail de bureau...) et géographique (le 13ème arrondissement de Paris) pour mieux y inscrire ses protagonistes. Traduisant avec subtilité leurs états d'âme, la photographie et le cadrage évoquent le travail de Michael Mann, réaliste mais toujours cinématographique, alors que de très sèches et violentes séquences d'action insufflent un peu de rythme à une intrigue malheureusement paresseuse (le vol des billets au commissariat, la fin...).
"Gardiens de l'ordre". Parlons d'eux, alors, simples « poulets » embarqués dans une enquête officieuse par désir de vengeance et de justice. Incarnés par un tandem de comédiens inégaux (si Cécile de France assure, comme toujours, Fred Testot semble bien incapable de donner du relief à un personnage somme toute très stéréotypé), Simon et Julie forment un duo mal assorti mais dont les forces et les faiblesses ressortent face aux autres personnages. Et c'est là que se trouve toute la qualité de ce film âpre et tendu, revitalisé par l'apparition d'un Julien Boisselier ahurissant de charisme. Animal, séducteur, l'acteur compose un rôle de méchant loin de tous clichés, dealer énigmatique au sourire carnassier et au regard flamboyant. Peu importe, dès lors, les maladresses du scénario ou de la mise en scène (quelques faux raccords...), tant le comédien parvient à donner - littéralement - de la couleur à un métrage sombre et sérieux. Pour lui, pour Cécile de France, et parce qu'il est toujours intéressant de découvrir un univers peu connu, "Gardiens de l'ordre" mérite le détour. En attendant les prochains Eric "Une affaire d'état" Valette et Fred "Pour elle" Cavayé...
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