affiche film

© Météore Films

FUOCOAMMARE

Par-delà Lampedusa


un documentaire de Gianfranco Rosi

Un documentaire relatant l'arrivée massive d'immigrants africains (400 000 au total) sur l'île de Lampedusa (20 km2), située au sud de la Sicile. Un flux imposant qui n'est pas sans conséquences puisque près de 15 000 d'entre eux sont morts noyés...


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Photo film

Poétique, mais superficiel

Déjà récompensé d'un Lion d'or à Venise qui avait surpris son monde de 2013 pour "Sacro GRA", le documentariste Gianfranco Rosi a remis cela cette année en remportant un Ours d'or au Festival de Berlin qui est loin d'avoir fait l'unanimité. Mais là où il réussissait précédemment à montrer les contrastes de richesse et l'hypocrisie des pouvoirs publics face à la préservation de l'environnement, il échoue ici à provoquer le réveil de consciences souhaité.

Ouvrant son film sur les quelques chiffres effrayants qui figurent dans le synopsis, le long métrage adopte ensuite rapidement un style contemplatif, mettant en parallèle vie quotidienne de quelques rares habitants (des enfants, une grand-mère…) et le processus de sauvetage de navires de fortune, bondés. Des appels au secours aux sorties en mer, il passe ensuite aux visites médicales des migrants et à leur possible mise en quarantaine. Certes les procédés semblent machinaux, presque routiniers, à l'image des corps empaquetés, mais la déshumanisation ne saute pas aux yeux comme le souhaiterait certainement l'auteur.

Pouvant se lire comme l'opposition entre l'innocence d'enfants qui jouent à la guerre alors que d'autres tentent de fuir celle-ci, ou comme celle entre des Européens habitués à l'horreur face à des êtres dans une réelle détresse, le film déçoit cependant en donnant l'impression d'éviter son sujet sous prétexte de rechercher constamment les belles images. Si on comprend bien qu'au final ces deux mondes s'ignorent, on s'étonne cependant de ne voir ici pointer aucune critique de la politique d'accueil européenne ou italienne, de n'avoir droit à aucun réel portrait de migrant (ce qui peut paraître d'ailleurs une manœuvre servant le propos), et d'éviter de montrer de réelles interactions avec les locaux.

Gianfranco Rosi reste ainsi comme en dehors du monde, à tourner de beaux plans, espérant trouver une poésie qu'il atteint en quelques moments, comme avec la scène de recherche d'un oiseau en pleine nuit... Mais « Fuocoammare » laisse cependant un goût amer en bouche, celui d'un sujet au final non traité, ou dans une grande superficialité. Extrêmement décevant donc.

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