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Un documentaire sur la militante marxiste afro-américaine, proche des Black Panthers et membre du parti communiste US, qui fut accusée de complicité dans le meurtre de quatre personnes, dont un juge, lors d’une tentative d’évasion de trois détenus noirs, en 1970.
Elle figurait déjà dans un autre documentaire l’an dernier qui narrait l’émancipation de la cause Noire aux Etats-Unis entre 1967 et 1975 ("Black Power Mixtape"). Angela Davis, fer de lance de la défense des droits des afro-américains et de la cause féministe, est cette fois la star de ce documentaire narrant le combat de cette militante devenue égérie mondiale des droits de l’homme et des partis communistes de l’époque.
D’ailleurs, à l’image de son affiche, le film de Shola Lynch s’attache principalement à l’icône et à la starification de cette figure anti-establishment des années 70, plutôt qu’à son histoire et à son combat. Arborant une coupe afro et d’énormes lunettes, cette femme noire éduquée, ayant des accointances avec les Black Panthers, qui débuta sa carrière médiatique par un renvoi de l’université pour laquelle elle donnait des cours à cause de son appartenance au Che Lumumba Club, cellule communiste au sein du mouvement Noir, cumulait en effet toutes les qualités pour devenir l’ennemie du gouvernement Nixon en cette période de guerre froide. En remarquable oratrice, son aura drainait une foule de toutes origines ethniques sous la bannière d’un « Power to the people ».
Après une brève mise en place du contexte agrémenté de divers témoignages, dont Mrs Davis en personne, Shola Lynch s’attaque au vif du sujet, le procès qui démarra un processus d’ « icônisation » au-delà des frontières américaines. L’objet de l’accusation ? Avoir acheté des armes ayant servies plus tard à une prise d’otage de plusieurs jurés et un juge qui se soldera par quatre homicides. Toute la narration du procès ainsi que les témoignages de toutes les parties prenantes de la défense sont absolument passionnantes. Hélas, c’est sur la forme que Shola Lynch pèche par excès. Alors que la bande-son rappelant l’ambiance des films de Blaxploitation contribue à marquer l’ambiance de l’époque, la réalisatrice abuse en revanche des effets clinquants, des zooms de rapports de procès que l’on se prend souvent en pleine figure. Les effets chocs sont en effet privilégiés au détriment de la réalité historique. Visiblement, la réalisatrice s’arrange parfois avec l’histoire dans la présentation des faits. C’est ainsi que l’on tente volontiers de nous faire croire que le licenciement d’Angela Davis de UCLA est le point de départ d’une série de violences envers plusieurs leaders Noirs, ce qui ne concorde pas avec la chronologie des faits. Dans une fiction, s’arranger avec la succession des événements pour régler un problème narratif passe encore, mais lorsqu’il s’agit d’un documentaire, l’exactitude est de mise.
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