affiche film

© les films du préau

FRANZ ET LE CHEF D’ORCHESTRE

( Bland Tistlar – among the thorns)


un film d'animation de Uzi et Lotta Geffenblad

Au fin fond d’une campagne, le temps d’un Ă©tĂ©, un ensemble musical composĂ© de jeunes Ă©lĂšves, prĂ©pare tant bien que mal un concert de fin d’annĂ©e. Mais dans cette fine Ă©quipe, une personne ne joue d’aucun instrument. Il s’agit de Franz, jeune fils du chef de cet orchestre amateur. D’abord spectateur des multiples pĂ©riples, il portera vite secours au soliste de l’orchestre afin de retrouver son embouchure fĂ©tiche, jetĂ© par des Ă©lĂšves jaloux au beau milieu des herbes hautes qui effraient pourtant plus que tout le jeune Franz...


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Photo film

Plein les yeux mais les oreilles vides

L’animation en volume rĂ©el a dĂ©cidĂ©ment le vent en poupe. Souvent jugĂ© Ă  tort dĂ©bridĂ©, voire dĂ©modĂ©, les succĂšs successifs de « Wallace et Gromit et le MystĂšre du Lapin Garou » et des « Noces FunĂšbres » de Tim Burton (sans parler des sorties de « Team America, Police du Monde » et « Le Fil de la Vie » qui seraient un brin hors sujet) ont su tĂ©moigner de l’ouverture d’esprit d’un large public qui ne s’attarde finalement que peu sur des considĂ©rations purement techniques, contrairement Ă  ce qu’auraient pu croire certains producteurs.

C’est donc dans un contexte plutĂŽt favorable que sort « Franz et le Chef d’Orchestre », court mĂ©trage d’animation qui, d’autant plus, sait flatter les yeux du spectateur dĂšs les premiĂšres minutes. BaignĂ© par une lumiĂšre douce aux couleurs chamarrĂ©es, ce nouveau court mĂ©trage du couple Geffenblad propose une animation Ă  base de dĂ©coupages papier. Technique pour le moins atypique, pour laquelle on est toutefois bien loin d’une animation limitĂ©e Ă  la South Park tant les qualitĂ©s esthĂ©tiques de ce film font honneur Ă  l’animation suĂ©doise, trĂšs mĂ©connue, et mĂȘme au dessin animĂ© en gĂ©nĂ©ral.

Quoique de volume il n’en est finalement pas question puisque ce qui constitue l’animation n’est pas moins que de classiques dessins 2D dĂ©coupĂ©s puis animĂ©s image par image. Mais le trait est tellement prĂ©cis que l’effet de perspective est bluffant. Quant aux mouvements et expressions des personnages, ils sont d’une rare prĂ©cision, supportĂ©s par une animation sans faille.

Ainsi captivĂ©s par cette mise en image originale, le rĂ©cit s’instaure dans nos tĂȘtes sans le moindre problĂšme. BercĂ©s par une atmosphĂšre doucement naĂŻve nous suivrons toutes sortes de pĂ©ripĂ©ties Ă  travers les yeux innocents d’un enfant de six ans. Pourtant, les premiĂšres journĂ©es vĂ©cues pas Franz, relatĂ©es au dĂ©but du film, n’ont rien d’enviables. Pendant des heures, il assiste aux rĂ©pĂ©titions d’un orchestre de jeunes, loin d’ĂȘtre Ă©pris par leur activitĂ© musicale, ce qui mettra en rogne leur Ă©litiste chef d’orchestre. Heureusement que le jeune soliste de cor est lĂ  pour rehausser le niveau.

Mais ces qualitĂ©s auront tĂŽt fait de traduire ce jeune prodige en bouc Ă©missaire du groupe, au point qu’un jour, l’embouchure fĂ©tiche de ce dernier lui est dĂ©robĂ©e. ExcĂ©dĂ© d’ĂȘtre mis sur la touche, Franz portera alors secours Ă  ce jeune homme timide et un peu enveloppĂ©. Chacun s’ouvrant l’un Ă  l’autre, le soliste prodiguera sa passion pour la musique Ă  Franz, celui-ci aidant en contrepartie le musicien Ă  gagner confiance en lui.

TrĂšs proche du rĂ©cit initiatique, le scĂ©nario respire malheureusement un classicisme certain et basique. Certes, difficile dans ce genre d’échapper Ă  certains codes, le schĂ©ma restant au fond toujours le mĂȘme : un enfant vit au sein d’un groupe qui, une fois ce dernier menacĂ©, vient Ă  quitter ses habitudes et Ă  briser ses peurs afin de devenir mature. Mais ici, tout est trop pris au pied de la lettre et manque cruellement d’originalitĂ© dans la reprĂ©sentation de ces codes.

Ainsi, le scĂ©nario fait la part belle aux clichĂ©s, sans oublier tous ceux relatifs au monde de la musique (chef d’orchestre perfectionniste, adolescents Ă©coeurĂ©s par la musique classique, rockers cools mais bruyants ...) Bref, dans ce registre, on prĂ©fĂ©rera plutĂŽt revoir « GĂŽshu, le Violloncelliste » (1982) d’Isao Takahata, beaucoup plus intĂ©ressant, prĂ©cis et rĂ©aliste dans son approche de l’apprentissage musical, et pourtant Ă  peine plus long. Toutefois, ne renions pas les qualitĂ©s esthĂ©tiques remarquables de ce film, qui, il faut bien l’avouer, mĂ©ritent Ă  elles seules d’ĂȘtre vues. Longue vie Ă  l’animation suĂ©doise !!

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