Ai, une riche étudiante modèle, décide de remettre Makoto, délinquant ténébreux au visage balafré, sur le droit chemin. Elle imagine alors toutes sortes de stratagèmes pour l’assagir, échouant systématiquement dans sa quête. Alors que ses sentiments grandissent, d’autres personnages, tous plus dégénérés les uns que les autres, commencent à s’en mêler…
Spécialiste des grands écarts cinématographiques (« 13 Assassins », « La Mélodie du malheur » ou encore le controversé « Ichi the killer »), Takashi Miike revisite cette fois-ci la comédie musicale en adaptant un célèbre manga de Ikki Kajiwara (« Ai to Makoto »), près de 40 ans après la première version de Shigeyuki Yamane. Mélangeant séquences d’animation plus ou moins poétiques (l’introduction et la conclusion du métrage), scènes chantées ultra chorégraphiées à la vocation parodique évidente (les acteurs ont dû bien s’amuser), scènes de combat hautes en couleur (avec effets de vibration et bruitages disproportionnés), le cinéaste livre un film hybride, à la fois trash et délicieusement cul-cul.
Concernant les personnages, Miike force évidemment le trait et crée une galaxie de gentils un tantinet fleur bleue et de méchants bien ténébreux, qui amusent davantage par leur grandiloquence absurde que par leurs dialogues. On est dans le film de Miike comme sur une autre planète, à la fois un peu familière (pour ceux qui ont été abreuvé de mangas télévisés durant leur enfance) et complètement excentrique, où tout est too much, tout le temps. La description du lycée public, celui où vont les pauvres qui tournent mal et sur lequel souffle un vent d’apocalypse, est en soi un petit bijou de parodie, à la fois fidèle à l’esprit du manga et à l’amour de Miike pour la démesure.
Or la limite du concept est qu’une fois les personnages, décors et situations exposés, il devient ensuite difficile de maintenir les effets de surprise. Aussi, après une première heure de film survoltée et réjouissante, truffée de morceaux de bravoure en matière de comédie musicale (mention spéciale au numéro de séduction du prétendant binoclard de la belle Ai et au show des parents de celle-ci, très « Saturday night fever »), le film perd de sa verve et de son pouvoir comique. Les moments musicaux, jusqu’alors si efficaces, se raréfient. Surtout, le film tire sur la longueur, plongeant le spectateur dans une espèce de lassitude que seul le dénouement final, kitsch à souhait, parvient à réveiller. Dommage.
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