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En tout et pour tout, le professeur Eliezer Shkolnik a publié, pour sa gloire, une note de bas de page dans un ouvrage érudit sur le Talmud. Son fils, Uriel, également universitaire, a plus de chance et se voit reconnu par ses pairs. Lorsque l’Académie, qui décerne tous les ans une prestigieuse récompense, se trompe et envoie la notification du Prix d’Israël au père au lieu du fils, celui-ci décide de jouer le jeu…
L’étude du Talmud comme enjeu de la rivalité entre deux professeurs et objet de discorde entre un père et son fils ? Voilà qui paraît tout à fait improbable. Et pourtant, Joseph Cedar, qui réalise là son quatrième long-métrage, l’a fait avec la manière. Après « Beaufort », où il filmait la guerre entre quatre murs, vue à travers le prisme de la psychologie humaine, il s’est faufilé au sein du département du Talmud de l’université hébraïque de Jérusalem : le plus petit bureau du bâtiment est aussi connu pour être le plus intransigeant, et le plus austère. Le cadre change, les bombes n’explosent pas et les balles ne filent pas dans l’air, mais c’est bien d'une guerre dont témoigne Cedar, un conflit de front entre Eliezer, chercheur aigri et frustré, qui a travaillé trente ans pour prouver une obscure théorie sur le Talmud, et son collègue Grossman, qui en trouvant un manuscrit original a entériné l’idée de son camarade en lui interdisant toute reconnaissance.
Cette comédie symphonique fonctionne autant qu’elle pêche par ambition : usant d’un style visuel très fort (montage rythmé, incrustations, musique omniprésente), Cedar tente, avec un certain succès, de faire passer des vessies (des gratte-papiers intéressés par un minuscule détail du Talmud) pour des lanternes (un récit rocambolesque divertissant), alors même que ses personnages sont des érudits ennuyeux comme la pluie. Avec intelligence, il s’affranchit rapidement de son propos de base, illustré par l’apathie d’un père insatisfait qui assiste à l’intronisation de son fils à l’Académie, pour raconter bientôt des histoires de rivalité familiales et professionnelles, avec un humour aussi discret qu’il est efficace (la scène entre les membres du jury dans un bureau étriqué, dont il faut bouger tous les meubles pour y entrer). Reste que l’exercice, un peu vain au final, ressemble à ce que le titre promettait : peut-être « Footnote » n’est-il qu’une note de bas de page, purement informative, dans la carrière d’un réalisateur qui, après sa réception à Cannes en compétition officielle et sa probable nomination à l'Oscar du meilleur film étranger en 2012, ne devrait aller qu’en se perfectionnant ?
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