© Bac Films
Une jeune immigrée africaine, Waris, s'échappe de son refuge à Londres, et devient amie avec une jeune femme qui l'aidera à trouver un travail. Alors qu'elle lave le sol dans un fast-food, elle est repérée par un photographe, fasciné par la beauté de son visage...
« Fleur du désert » s'ouvre sur l'image d'une petite fille, gardant des chèvres, perdue au milieu des étendues désertiques d'un pays d'Afrique, la Somalie. Elle est vite rejointe par son frère et sa sœur, qui nous emmènent avec elle au village, fait de cabanons précaires. Une musique envoûtante nous accompagne en ces lieux, dynamisant chacune des actions quotidiennes des enfants, leur conférant une légèreté et une insouciance qui suivront chacun des pas de l'aînée, héroïne naïve de cette comédie dramatique, que l'on retrouve quelques années plus tard à Londres.
Sous ses allures premières de comédie (l'incruste auprès d'une vendeuse qu'elle suit partout, les erreurs de langage, l'apprentissage du métier de top-model...), « Fleur du désert » se dévoile peu à peu en drame traitant de l'excision des femmes africaines (pratique qui consiste à retirer la partie externe du clitoris, voire les petites lèvres). Mais tout en abordant des sujets aussi graves que l'immigration illégale, les mariages blancs ou l'esclavage moderne, le scénario sait trouver en permanence un équilibre, ceci grâce à tous les personnages qui entourent Waris, dont l'esprit positif et persévérant la pousse à se dépasser. Il y a Marylin (Sally Hawkins), l'amie fidèle, frustrée de ne pas être une danseuse professionnelle, Terry (Timothy Spall), le photographe, et surtout Lucinda (Juliet Stevenson), l'agent, aussi snob qu'hyperactive.
Par petites touches -une scène sous la douche, un moment intime entre filles, une visite chez le gynéco-, « Fleur du désert » enjoint progressivement son héroïne à découvrir sa différence, les mensonges de sa mère, de son peuple (qui lui affirmait que cela se fait à toutes les femmes...) au pays, et de ceux qui l'ont suivie jusqu'en Angleterre (les fausses traductions de l'infirmier somalien qui déforme les paroles d'un médecin qui veut l'opérer, et la fait culpabiliser). Au fil de l'épanouissement de cette fleur venue d'un désert hostile, symbolisé par un visage qui s'illumine peu à peu son visage s'illuminant, se découvre aussi progressivement l'infirmité qu'elle porte au plus intime de son corps. Ainsi, en douceur, le scénario nous entraîne vers la scène clef du film, insoutenable, révélant « le jour qui a changé (sa) vie », contée à l'occasion d'un reportage sur l'immigrée devenue célèbre, puis vers son discours à l'ONU, au nom des droits de la femme.
Résolument militant, « Fleur du désert » bénéficie d'une mise en scène pertinente qui, dans les moments les plus difficiles de la vie occidentale de Waris, nous offre des flashs-back ramenant à la douceur des proches au pays, et aux pires passages de sa jeune existence ou de sa courageuse échappée... Ceci tout en pausant la confiance comme élément fondateur, mais difficile à retrouver. Une confiance en soi mais aussi en l'homme, ceci malgré un viol, un compagnon américain qui a une autre amie au pays, un mari de substitution qui voudrait bien en profiter. Sorti à l'occasion de la journée de la femme, le film ne saurait être plus adapté et devrait être montré dans toutes les écoles.
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