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Mia vit dans une cité HLM avec sa mère et sa petite soeur. Elle est en échec scolaire, vient de se disputer avec sa meilleure amie et prend son pied en dansant seule dans une pièce d'un appartement vide au dernier étage d'une tour. Un matin, elle fait la connaissance du nouveau petit ami de sa mère...
Le cinéma anglais se porte bien, merci ! La preuve en images avec "Fish tank", petit bijou de film social présenté en compétition officielle à Cannes 2009. Si Andrea Arnold (« Red road ») est une digne héritière d'un Ken Loach, elle apporte une touche féminine qui ajoute à son film une dimension aérienne et poétique inédite.
Andrea Arnold, réalisatrice et scénariste de son deuxième film, souligne avec justesse les relations de deux mondes, deux couches sociales si proches et pourtant si éloignées. Elle s'attarde sur les sérieux problèmes de communication entre une mère et sa fille, dans un appartement où la télé est toujours allumée pour combler les éventuels silences. Elle dresse le portrait de deux soeurs dont les seules traces de jeunesse et d'innoncence sont restées colleés aux barreaux du lit sous la forme de vieux autocollants roses dépassés. Elle symbolise le manque de liberté de Mia, son héroïne, à travers un cheval en agonie attaché à une solide chaîne et par le fait qu'elle tourne en rond dans sa ville et sa cité HLM tel un poisson dans son bocal ("Fish tank" signifie d'ailleurs "aquarium" en français).
De cette noirceur et de cet étouffement s'échappent quelques magnifiques rayons de soleil qui viennent régulièrement baigner Mia, comme pour la réchauffer. Les plus beaux sont à voir en haut de sa tour, dans un appartement vide, où elle se laisse aller à sa passion : la danse hip-hop, son autre forme de communication et l'expression de sa liberté. Un peu à la manière de "Billy Elliot" (de Stephen Daldry) hanté par la danse.
Andrea Arnold ajoute, en toile de fond, une histoire d'amour naissante avec un homme plus âgé, que son héroïne a découvert dans les bras de sa mère et qui reste la seule personne à lui porter un nouveau regard plein de reconnaissance et d'ambition. Et on est transi avec elle quand elle feint de dormir pour se faire porter par son amoureux qui la raccompagne jusqu'à son lit. Rarement une scène aura eu un tel pouvoir érotique !
Les comédiens sont exceptionnels. A commencer par la jeune Katie Jarvis, qui incarne brillamment l'ado fougueuse, rageuse, tiraillée entre son désir de liberté et ses désirs amoureux qui cherchent à se libérer. Rebecca Griffiths, qui interprète la mère et qui avait déjà brillé dans "It's a free world" du (tiens, tiens) Ken Loach, confirme tout le bien qu'on pense d'elle. Un mot sur la petite soeur incarnée par Kierston Waring, incroyable d'arrogance et de sensibilité. Enfin, cerise sur le gâteau, après son incroyable performance de prisonnier dans "Hunger" de Steve McQueen (Caméra d'or à Cannes en 2008), on retrouve tout le brio de Michael Fassbender dans un rôle où l'on adore et on le déteste mais où, avant tout, il impose un talent qui n'en restera pas là.
"Fish tank" réunit la nouvelle génération du cinéma d'auteur anglais, tant sur le plan du jeu que de la réalisation. On peut dormir tranquille, la relève est vraiment assurée.
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