© La vingt-cinquième heure
Benjamin, 13 ans, découvre l’identité de son père et décide de quitter les foyers sociaux pour aller vivre chez lui. Karim, qui ne connaissait même pas l’existence de ce fils, accepte d’accueillir l’enfant. Mais il ne se doutait pas qu’entre lui et le jeune garçon, les relations allaient être si tendues…
Sur le papier, ça fleurait bon le scénario béton autour des questions d’identité (un gamin qui ne s’est jamais construit au cœur d’un noyau familial) et d’apprentissage au contact de l’autre (un père qui se découvre et un fils qui chercherait à comprendre ses origines), le tout dans un vrai décor de cinéma : la banlieue. Sauf qu’une fois mis en boîte, l’histoire perd en émotion, en sens et en intérêt. Les (nombreux) sujets ne sont qu’effleurés, les (nombreux) personnages sont souvent vidés de leur propre histoire et le film ne semble au final n’être qu’un livre où on aurait arraché quantité de pages.
Les personnages principaux – le père, le fils et les grands-parents – sont plutôt bien rendus. On comprend rapidement le gouffre entre ces trois générations, on suit l’évolution de leurs relations où chacun comprend qu’il a sa propre part de responsabilité dans ce qui arrive. Mais le personnage de Karim, le père, reste une énigme quant aux motivations qui l'ont poussé à prendre un gamin sous son aile, alors qu’il vit toujours chez ses parents à près de quarante piges et que de père il n’en a que le titre, ne se consacrant jamais à l’éducation de son fils, laissant passer chaque bêtise et chaque insulte proférée à son encontre ou celle des grands-parents.
Benjamin, lui, est incorrigible. Un gosse qu’on ne voudrait même pas avoir en photo. Fumeur alors qu’il n'a que 13 ans, il accumule les conneries et le non-respect envers ses aînés. Des claques qui se perdent mais comme personne ne lui en donne, il continue. Fils d’une prostituée et d’un arabe comme il le dit lui-même (avec des mots plus « durs » !), il cherche à comprendre qui il est, cette identité qui lui fait défaut et qui explique tous les maux qu’il concentre et tous les actes qu’il commet. C’est ainsi qu’il est graffeur et qu’il signe sur les murs « Antik », son autre identité, son autre personnalité qui complexifie son être mais paradoxalement qui ouvre une voie, celle de la création, vers une porte de sortie salutaire.
Avec sa veste rouge, il erre entre les barres de la cité, comme le Petit chaperon se perdait dans la forêt. Aux détours de ces pérégrinations il croise un poète, un personnage qui fait penser au vendeur de glaces dans "Ghost Dog" : les deux communiquent mais ne se comprennent pas, la folie de chacun étant aux antipodes de leur croyance. Un personnage secondaire qui, comme beaucoup d’autres, ne trouvera pas réellement sa place dans le film. Tout comme l’ami de Karim, Nounours, sensé cacher un lourd secret (dixit le synopsis officiel) mais qui arrive comme un cheveu sur la soupe tant le personnage de Nounours est à peine esquissé. Idem pour le frère handicapé dont on ne comprend pas bien l’intérêt ni l’objet d’en faire une victime du fils… Après le déstabilisant "Fissures", Hicham Ayouch gagne en puissance évocatrice mais oublie trop ses personnages au profit de vues aériennes des barres de la cité dont il a voulu faire un personnage à part entière, un de plus, un de trop…
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