© Universal Pictures International France
Suite aux événements de Londres, Dominic Toretto et sa « famille » se retrouvent menacés par le truand Deckard Shaw, bien décidé à se venger de la mort de son frère. Pour assurer leur protection, une équipe d’agents secrets leur propose un marché : ils récupèrent un mystérieux hacker dont le système de détection ultra-révolutionnaire est courtisé par un groupuscule terroriste, et en échange, ils pourront se servir de ce système pour localiser Shaw. Cette fois-ci, le défi sera de taille et l’aventure bien plus dangereuse que tout ce qu’ils ont vécu jusque-là…
Lorsque l’on se déplace en salles pour visionner un "Fast & Furious" , il y a en général trois consignes à adopter pour ne pas avoir la sensation de s’être trompé de salle : 1) débrancher son cerveau pour éviter toute prédisposition à prendre la chose au sérieux, 2) repérer le nombre de money-shots qui ne figuraient pas dans la bande-annonce afin de bien mesurer si le film tient ses promesses de spectacle massif, 3) compter le nombre de fois où Vin Diesel va dire « la famille », histoire de bien se fendre la poire devant une fascination aussi premier degré pour le modèle communautaire de gang de rue à la mord-moi-le-nœud. Pour ce septième épisode, on en avait néanmoins rajouté une quatrième : examiner si le travail de postproduction effectué à la suite du décès de Paul Walker a bel et bien porté ses fruits. On peut le dire fièrement, c’est le cas. Et si l’on se permet d’en faire mention, c’est parce que – cruelle ironie – ce décès apporte à cet épisode ce qui manquait jusque-là à la saga : une émotion sincère.
De l’émotion dans un "Fast & Furious" ? Oui, c’est possible, d’abord parce le final constitue une forme d’adieu mémorable devant lequel on aura du mal à ne pas verser une petite larme, ensuite parce que cet épisode est clairement celui de la synthèse. Loin des précédents épisodes dont le degré de dramaturgie n’excédait pas le sempiternel dialogue sur le danger et la crainte de perdre « la famille » (oui, je sais, c’est très drôle…), cet épisode 7 raccorde les six épisodes de la franchise en un tout cohérent, reliant certains arcs narratifs que l’on pensait indépendants (l’épisode 3 situé à Tokyo trouve enfin une vraie place dans la saga) et développant des enjeux dramaturgiques qui sonnent autant comme des alertes – le fait que The Rock passe tout le film à l’hôpital est une sacrée surprise – que comme des accélérateurs, amenant chacun à développer ses propres limites. Il en est de même pour le réalisateur James Wan, lequel n’a évidemment pas pris la relève de Justin Lin pour transformer la saga en thriller horrifique : la recette reste plus ou moins la même, mais l’embellie des ingrédients (moins conventionnels et beaucoup plus pimentés) devient la règle.
La réussite de cet opus 7 est autant à chercher dans une action XXL, guidée durant 2h20 par un pur souci de démesure grandiose, d’une très grande lisibilité en termes de découpage – Wan connaît bien son métier – et allant parfois jusqu’à atteindre un vrai zénith dans l’auto-parodie de ses propres codes. À ce titre, et même si on devra ici compter une dizaine de scènes toutes aussi dingues, le triple saut dans les immeubles d’Abu Dhabi constitue un grand moment de sidération visuelle, pour ne pas dire carrément sensorielle. Depuis l’épisode 5, on sent clairement un changement dans la saga, une propension à laisser de côté la beaufitude racoleuse des premiers films au profit de l’actionner vrombissant et dopé à la testostérone. Rien d’étonnant donc à ce que l’une des premières scènes, prenant place dans l’univers des courses propres au premier film – avec bagnoles qui en ont sous le capot et bimbos qui en ont sous le maillot – soit vite dégagé comme intermède avant que les vrais enjeux se dessinent – le passé doit être laissé dans le rétroviseur.
Du coup, que de nouvelles têtes pour épicer une recette qui a fait ses preuves : un bad guy bourrin et super vénère (Jason Statham), un larbin sadique qui joue les durs à cuire (Tony Jaa), une nouvelle venue déguisée en hacker (Nathalie Emmanuel), un cador des années 80 venu faire le second couteau qui vante la qualité de la bière belge (Kurt Russell). Sans oublier les habitués, avec un combat de catch bien violent entre deux bombes en robe de soirée (Michelle Rodriguez et la catcheuse Ronda Rousey, excusez du peu !), et ce cher The Rock qui parait toujours plus body-buildé à chaque nouvel épisode. Et même si la quasi-totalité du film ne se concentre que sur Vin Diesel (acteur-producteur décidément très imbu de lui-même), on n’arrive pas à se détacher du visage de Paul Walker, figure indissociable de la saga et à qui le film est respectueusement dédié. Le fait d’entendre Vin Diesel indiquer dans la dernière séquence que rien ne sera plus jamais comme avant, sonne comme une évidence. Et s’il doit vraiment y avoir un huitième épisode, il est clair que l’on ressentira désormais un vide.
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