Lors de l’interrogatoire d’un voyeur surpris dans les toilettes publiques, un policier apprend l’existence d’un complot fomenté par des femmes contre les hommes. Plus tard, dans la nuit, le commissariat rappelle le policier et lui explique que la déposition a été perdue. Il revient pour interroger à nouveau le prévenu, or celui-ci change complètement sa version. D’abord surpris, ensuite intrigué, le policier soupçonne qu’une intimidation soit à l’origine du revirement. Il décide alors de mener l’enquête : et s’il y avait vraiment un syndicat des femmes tueuses ?
La théorie farfelue selon laquelle les femmes seraient à l’origine d’un complot national visant à éliminer les hommes remonte à l’époque où Pang Ho-Cheung était encore étudiant. Sa réflexion reposait alors sur une série de questionnements : pourquoi les filles de l’école vont-elles si souvent aux toilettes ? Pourquoi y vont-elles ensemble, et pourquoi restent-elles si longtemps ? Cette hypothèse saugrenue aurait pu donner lieu à un film drôle, original ou complètement barré. Or les bonnes histoires ne font toujours de bons films, et « Exodus » présente malheureusement un potentiel d’idées insuffisamment exploité.
Le parti-pris scénaristique visant à mettre en scène une histoire absurde avec une ambiance sérieuse présente un certain intérêt. Le paradoxe entre le fond et la forme crée en effet une atmosphère étrange que viennent renforcer le mystère entourant les personnages et les non-dits de la narration. Or cet intérêt retombe assez vite, étouffé par la lenteur et le manque d’ambition du film. Comme pour raccrocher celui-ci à une réalité, ou peut-être par peur que les spectateurs se fatiguent avant la fin, Ho-Cheung donne les clés de l’intrigue à la moitié du film. On peut alors regretter que le doute soit levé et la tension dissipée. L'ambigüité n’est-elle pas plus intéressante lorsqu’elle maintenue et assumée ?
Le film s’en sort toutefois grâce à quelques bonnes trouvailles de mise en scène. Un travail admirable sur les décors et la photographie vient également sauver les faiblesses du scénario. On se perd facilement dans les dédales du commissariat, structuré autour d’escaliers métalliques et de couloirs interminables, où les gens se croisent sans finalement se regarder. Surtout, le film repose sur la complexité de son personnage principal, véritable anti-héros des temps modernes. Zélé mais lent, héroïque mais pas glamour, soucieux de faire éclater la vérité mais loin d’être lui-même irréprochable, il déborde de contradictions annonçant un parcours sinueux vers la vérité. Il incarne l’honnêteté et l’intégrité, des qualités humaines et professionnelles qui ne permettent pas, dans des sociétés ou organisations pyramidales telles que la police, d’évoluer au sein de la hiérarchie.
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