Une jeune femme allemande débarque avec son sac dans la maison de son ami sur les hauteurs de Nice. À sa grande surprise, lui-même est absent, et elle est accueillie fraîchement par ses deux enfants, dont elle ne connaît pas l’aîné, mais seulement la plus jeune fille...
Découvert au Forum du jeune cinéma du Festival de Berlin 2013, le début de ce long-métrage intrigue, introduisant son personnage à la manière d'une « pièce rapportée », un peu déboussolée en pays étranger, et devant faire face à des gens globalement hostiles. À la gêne se mêlent les maladresses, Merle arrivant même à sa mettre à dos la seule qui s'intéresse à elle, c'est à dire la femme de ménage.
Jouant des lieux et de la froideur esthétique d'une grande villa moderne, loin de tout centre urbain et donc d'autres contacts potentiels, le réalisateur décrit en creux un homme absent, absorbé par son travail, et vraisemblablement peu impliqué dans la relation qui semblait s'installer implicitement. Si « il est comme cela, même les enfants le savent », son influence se fait sentir à chaque instant, malgré une absence qui le restera quasiment jusqu'à la fin du film.
Après un premier temps plutôt figé, où chacun s'observe, le quotidien reprend le dessus et le scénario introduit progressivement des activités et sensations estivales, qui réchauffent peu à peu l'atmosphère. Et le jeu de contraste entre lieux ouverts (terrasse et piscine ont une vue plongeante sur la mer) et enfermement et isolation du personnage principal, traduit cependant les frustrations de chacun, qui se cristallisent autour du père absent.
Situé dans un milieu aisé, où le désœuvrement des jeunes semble chose coutumière, le film pose la question du vieillissement et des choix de vie (s'installer ou pas), ainsi que des aspirations de chacun, entre le tout-travail et une autre conception de l'existence. De ce point du vue, la peinture de l'acceptation progressive de l'héroïne au travers de la description de soirées entre excès et drogues, qui certes la font se sentir jeune, forme un contraste troublant entre désir légitime d'acceptation et espoirs mal placés, entre volonté d'intégrer une famille et pulsions vengeresses indirectes. Au final, "Everyday Objects" est un film dont le rythme et la froideur rendent difficile l'empathie pour ses personnages, et qui ne réussit pas à poser la différence culturelle comme un élément majeur d'un discours pourtant très travaillé.
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