affiche film

© SND

ÉVASION

(Escape Plan)


un film de Mikael Hafstrom

avec : Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger, Jim Caviezel, Sam Neill, Vincent D’Onofrio

Spécialisé dans la conception de prisons hypersécurisées, Ray Breslin est surtout réputé pour détecter les moindres failles de ces systèmes de sécurité en s’évadant après s’être fait enfermer. Un jour, une société privée le contacte pour tester un nouveau système de prison high-tech dont il serait impossible de s’enfuir. Mais une fois fait prisonnier, il se rend compte qu’il est l’objet d’un complot visant à le faire disparaître. Avec l’aide d’Emil Rottmayer, un mystérieux codétenu, Ray tente alors l’impossible pour s’échapper…


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Photo film

"Prison Break" en charentaises

Ce devait être une confirmation, ce fut hélas tout le contraire. Là où la saga "Expendables" avait su rebooster les vieux papys du cinéma d’action au sein d’un gros défouloir pour cinéphiles nostalgiques, "Évasion" donne l’impression d’un retour en arrière au sein d’une sorte de purgatoire duquel Stallone et Schwarzenegger tentaient de s’extraire pour espérer revenir vers la lumière après une longue liste de purges. D’un côté, cela tombe plutôt bien, puisque le scénario de ce thriller carcéral symbolise à lui tout seul ce parcours chaotique : réunis face-à-face (ou plutôt côte-à-côte) dans une prison high-tech qui les enferme pour de mystérieux motifs, les deux monolithes du cinoche testostéroné des 80’s se la jouent désormais scientifiques du comportement et mettent en commun leurs capacités de déduction (Stallone y joue un expert en évasion) pour sortir de cet enfer technologique. Un scénario qui rappelle sur de nombreux points le sympathique "Fortress" de Stuart Gordon, et qui, bien entendu, n’oublie pas la dose réglementaire de méchants caricaturaux, de punchlines marrantes et de bagarres qui cognent sec. Mais entre premier et second degré, il fallait choisir, et c’est précisément là que le bât blesse.

Le souci, c’est qu’aussi divertissant soit le résultat, on ne sait vraiment pas comment l’aborder. Déjà limité aussi bien à son synopsis qu’à ce que son affiche est censée évoquer, il est surtout le vecteur d’une triste nouvelle : ces deux stars du cinéma d’action que l’on a tant aimé suivre, y compris dans leurs films les moins recommandables, en arrivent ici à nous faire croire que leur come-back commun sur "Expendables" n’était qu’une heureuse parenthèse avant de revenir à une forme de nanardise pépère. Et à l’image de ce que leurs opus respectifs de 2013 ("Du plomb dans la tête" pour l’un, "Le Dernier rempart" pour l’autre) laissaient déjà transparaître, Sly et Schwarzie se contentent ici du minimum syndical : le premier rejoue la posture du mec sérieux qui n’en pense pas moins sous sa carapace monolithique, et le second s’amuse carrément à exploiter ses propres limites d’acteur en en faisant des tonnes dans la multiplication des humeurs (le voir grimacer ou gueuler en allemand constitue ici un petit plaisir coupable). Soit les deux attitudes dans lesquels on tend désormais à les enfermer. Sauf que ce que l’on attend désormais d’eux n’est pas une redite grotesque de leur passé de ténors de la série B bourrine, et encore moins un retour aux nanars de vidéoclub où chacun tentait d’investir un genre dans lequel sa présence physique sonnait presque comme une anomalie.

Déjà responsable d’un paquet de navets aussitôt vus aussitôt oubliés (dont le minable "Dérapage" avec Vincent Cassel en bad guy), Mikael Hafstrom est à l’image de ses stars, opérant une mise en scène limitée à multiplier les gros plans et peu apte à exploiter son décor de prison high-tech autrement qu’en jouant les topographes alambiqués. Comprenons par là que leurs tactiques d’évasion nous laissent hélas de marbre (en gros, on s’en fiche très vite), et on en vient à halluciner de voir ces deux acteurs réduits à bavarder pendant presque deux heures sur le pourquoi du comment de leur enfermement. En définitive, "Évasion" suscite une certaine tristesse en révélant malgré lui l’impasse dans laquelle ses deux stars se trouvent aujourd’hui : casser son image au risque de perdre sa crédibilité ou rester le même au risque de s’enfermer dans une mécanique lassante ? On pensait avoir trouvé la parade idéale dans "Expendables" (en gros, refuser un tel choix en assumant son cliché mythique jusqu’au bout), mais ici, à force d’oser le grand écart entre ces deux possibilités, on ne récolte rien d’autre qu’un vilain claquage.

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