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Eli est un ancien musicien de jazz. Il a longtemps parcouru le monde, ce qui l’a rendu peu présent auprès de sa famille. Sa fille Justine, issue d’un premier mariage, évite au maximum d’être en relation avec lui. Sa belle-fille, Dom, est bouleversée lorsqu’elle apprend que sa mère, Suzanne, va avoir un enfant à plus de 42 ans avec Eli, alors qu’elle-même tente désespérément de construire une famille. Les avis sont unanimes quant à l’incapacité d’Eli à être un bon père…
Vous l’aurez compris, « Et soudain tout le monde me manque » s’articule autour de la relation père-fille. La grossesse annoncée de Suzanne met de nouveau à jour les failles de chacun. Justine et son père ne communiquent pas, ou lorsqu’ils le font, cela vire au règlement de comptes. L’étrange solution qu’a trouvé Eli pour pallier au vide relationnel avec Justine, c’est de conserver à son insu des liens étroits avec tous les ex-petits amis de sa fille. L’idée est certes touchante, mais surtout pas crédible une seconde. Cela fait donc des années que Justine n’a pas droit de présence, notamment sur le lieu de travail de son père, qui a engagé deux anciens amoureux de sa fille, sans que cela n’éveille le moindre soupçon chez cette dernière.
Justine officie en tant qu’opératrice en radiologie, mais elle est bien entendu une artiste qui s’ignore. Sa démarche créatrice avec des clichés radiologiques n’est qu’un outil supplémentaire afin de donner un peu de profondeur au personnage, sans grand succès. Là où le bât blesse également, c’est dans la caractérisation d’Eli : ersatz d’anti-héros «Allenien», juif maladroit et hypocondriaque. N’est pas Woody Allen qui veut, et la réalisatrice ne parvient pas à affirmer son point de vue. Elle se cache derrière de nombreux travers à la mode : personnages accros au Starbuck dotés de répliques ficelées évoquant des films tels que « Comme t’y es belle ! », le tout exempt d’un souffle créateur et personnel.
Le film se veut inspiré du genre de la comédie romantique anglaise, mais les adorateurs de Bridget Jones seront déçus ! La psychologie des personnages n’est absolument pas poussée, et l’on a du mal à s’inquiéter de leur devenir. Mélanie Laurent, cependant, opère une prestation efficace, sans pour autant convaincre en femme-enfant désabusée qui ne sort pas de sa coquille. La réalisatrice adore visiblement filmer l’actrice. À nous malheureusement de donner du sens à chaque plan sur une mèche de cheveux ou sur les yeux de l’héroïne. Michel Blanc joue Eli de manière sobre, mais sans grande envergure.
Ce film reste néanmoins tendre et montre avec maladresse la fragilité des liens familiaux. Doté d’une envie de réalisation (trop) marquée, comme le montrait déjà « Jusqu’à toi », la première œuvre de Jennifer Devoldere, « Et soudain tout le monde me manque » fonctionne avec de nombreuses séquences évoquant l’esthétisme et le rythme d’un clip musical.
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