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Trois courts métrages et trois variantes sur le désir et l’érotisme, signés de trois grands noms du cinéma contemporain…
Le projet de Eros, a été initié par Stéphane Tchalgadjieff, autour d’un recueil de récits, publiés par Antonioni lui-même, et intitulé « Ce bowling sur le Tibre », dont le réalisateur avait déjà tiré Par delà les nuages, co-signé avec Wim Wenders. Si Pedro Almodovar avait été pressenti, on retrouve finalement autour du réalisateur italien, l’américain Steven Soderbergh et le chinois Wong Kar Waï, pour trois traitements radicalement différents, et dont la réussite est discutable.
Michelangelo Antonioni ouvre le bal, avec l’affrontement des membres d’un couple italien, autant lassés l’un de l’autre que frustrés d’un certain blocage dans leur relation. Le difficulté de lâcher prise et se séparer, le fantasme de l’éternelle jeunesse, et le mélange inhérent haine amour sont les thèmes principaux de ce film. Décors naturels, extérieurs à la lumière sublime, intérieurs architecturalement intrigants (l’intérieur d’une tour réaménagée), juxtaposé à la plastique charnelle et sensuelle des deux héroïnes, représentant la femme vécue, et la femme fantasmée (ou passée), ne parviennent pas à faire passer un jeu appuyé et une symbolique maldroite.
Soderbergh enchaîne avec une discussion assez longue entre un psychiatre et son patient (Robert Downey Jr.), dont la femme est devenue jalouse d’une autre, uniquement rêvée par son mari. Borné par deux scènes en couleurs, présentant sommairement le songe en question, le court métrage utilise le noir et blanc termine comme un voile quotidien pesant, dont même le psy tente de s’échapper en jouant les voyeuristes aux jumelles. Malgré un certain humour omniprésent, le côté baveur de la chose, nous emmène dans des travers cérébraux du désir, qui restent bien tristes à l’écran.
Suit le moyen métrage de Wong Kar Waï, tourné en parallèle à l’interminable 2046, et seule véritable réussite du triptyque. Cette nouvelle histoire d’amour contrarié entre un apprenti tailleur et une prostituée de luxe, mêle une nouvelle fois photo sublime, musique lancinante et ralentis langoureux. L’émotion est bien présente, au fil de la progression tragique, annonçant la déchéance de la belle, et la normalisation espérée des rapports entre les deux êtres. Mais c’est sans compter sur le sens du frôlement qu’a su développer l’auteur, depuis In the mood for love. Un court magnifique, qui vaut à lui seul le déplacement.
Signalons enfin la qualité des interludes, positionnés au départ et entre chacun des courts métrages. Un des plus grands noms de la musique brésilienne, le chanteur - compositeur Caetano Veloso, y prête sa voix à une magnifique chanson intitulée pompeusement « Michelangelo », sur fond de dessins et d’estampes signés Lorenzo Mattoti, et formidablement mis en lumières. Un vrai régal de seulement quelques instants à chaque fois, mais qui ne parvient pas à créer une réelle unité au sein de ce Eros, pas si érotique.
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