© Les Films du Paradoxe
Un portrait de Sabine Bonnaire, autiste, réalisé par sa soeur la plus proche. Récit de son histoire à travers des archives personnelles, filmées par la comédienne sur une période de 25 ans, et témoignage de sa vie aujourd'hui dans une structure adaptée...
Ne vous mĂ©prenez pas ! Ce film, bien quâil en ait lâair, nâest pas un reportage Ă proprement parler, câest un vĂ©ritable film de cinĂ©ma ! Et cela, bien quâil soit passĂ© sur le petit Ă©cran avant sa sortie en salle. A la tĂ©lĂ©vision ce film parle de la vie dâune autiste, au cinĂ©ma il parle de la vie dâune femme. Il ne doit pas seulement ĂȘtre vu comme un plaidoyer contre le systĂšme psychiatrique français dont Sabine est sortie trĂšs diminuĂ©e Ă la suite de cinq ans dâenfermement. Il doit aussi ĂȘtre vu comme un moment privilĂ©giĂ© passĂ© avec Sabine, la sĆur de la rĂ©alisatrice, autiste, mais avant tout femme, superbement simple et complexe Ă la fois.
A travers ce film Sabine nous fais partager sa vie, sa rĂ©alitĂ©, ses souvenirs, ses rĂȘves, ses inquiĂ©tudes et son amour par des dialogues dâenfants tout aussi durs que tendres, parfois proche dâune forme de poĂ©sie :
- Quâest-ce que tu regarde Sabine ? Le ciel ?
- Non !
- Quâest-ce que tu regardes alors ?
- Le ciel !
Lâon apprĂ©cie ce moment passĂ© avec elle, au-delĂ de la diffĂ©rence du handicap qui finalement nâest pas la plus insurmontable des frontiĂšres entre elle et nous. Les nombreux flash back, tirĂ©s directement des films de famille des Bonnaire, nous montrent une jeune femme, Sabine, telle quâelle Ă©tait, dans une image blanche, passĂ©e, et telle quâelle est aujourdâhui sous un angle plus profond et poĂ©tique.
A travers le regard amoureux de sa sĆur Sandrine, Sabine semble nous questionner sur nos prĂ©jugĂ©s et sur l'affection que lâon peut porter Ă une personne handicapĂ©e. Doit-on toujours voir ces personnes comme des gens malheureux et infirmes ? Ou ne serait-ce pas nous, les gens « normaux », qui aurions un handicap, celui de la peur de lâautre et de la diffĂ©rence. Elle nous convainc, nous sĂ©duit, nous invite dans sa rĂ©alitĂ© et nous demande alors : « Est-ce que tu vas revenir me voir ? ».
Théophile Sclavis
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