© Tornasol Films
Un vieux couturier juif argentin de 88 ans voit ses enfants vendre sa maison et désirer qu’il se fasse amputer de sa jambe malade, avant qu'il n’intègre une maison de retraite. Prenant son courage à deux mains, il s'embarque dans un incertain voyage pour la Pologne, où il espère tenir enfin une promesse : remettre un costume à l'ami qui autrefois lui sauva la vie...
Difficile de ne pas se laisser emporter par une telle histoire : l'épopée crépusculaire d'un vieil homme hanté par son passé, dans des contrées qui lui sont à la fois chères et douloureuses. Avec un scénario qui révèle peu à peu des bribes de souvenirs de cet ancien prisonnier des camps, qui utilise aussi la jambe malade comme une parabole sur cette promesse jamais tenue et dont l'issue est forcément incertaine, "El ultimo traje" se pose en mélodrame moral qui remet en perspective les souffrances de plusieurs générations, comme les relations des peuples à leur passé.
Avec quelques bonnes idées, à la portée symbolique indéniable, et sources de situations saugrenues (le refus de prononcer le mot « Pologne », l'impossibilité de fouler le sol allemand...), le scénario, adapté d’un vieux conte juif, réussit un étrange mélange d'humour noir, de drame et d'émotion. Miguel Ángel Solá incarne à la perfection ce vieil homme à la fierté indéfectible, à la morale chevillée au corps mais trop démonstratrice, aussi envahissant et égoïste que finalement attachant. Un voyage qui vaut donc la peine d'être entamé, puis suivi jusqu'à son bouleversant dénouement.
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