affiche film

© Bobine Films

EL GRAN DRAGÓN


un documentaire de Gildas Nivet, Tristan Guerlotté

Dans l'Amazonie péruvienne persistent des tribus indigènes qui pratiquent la médecine végétale. Mais la forêt disparaît peu à peu, plantes comme savoirs semblent menacés...


2
Photo film

Savoirs menacés

À partir d'une série d'entretiens avec des indigènes, des chercheurs ou des médecins, le documentaire "El gran dragón" s'intéresse à la médecine de guérison végétale, comme symbole d'une lutte contre l'invasion progressive par les occidentaux des espaces vitaux de certaines populations. Présentés eux-mêmes comme une expression de la forêt vierge, les indigènes ont obtenu le droit, par convention, de conserver la médecine traditionnelle, considérée ainsi dans le pays comme « complémentaire » à la médecine occidentale.

Étonnants, les témoignages font autant état de croyances d'une harmonie avec la forêt, d'une transmission de la connaissance (y compris par le biais d'ancêtres décédés, ou par prise de substance pour que des visions leur indique comment concocter un remède), que de l'idée que le rôle du patient est primordiale dans sa guérison, celui-ci étant le seul capable d'apprendre les changements à faire dans son mode de vie pour améliorer sa santé. Issue de la culture Inca, considérée comme sorcellerie depuis 1821, elle a cependant subsisté depuis dans la tradition. Mais elle pourrait ne pas résister longtemps à la déforestation galopante, pour production de biocarburants ou exploitation pétrolière, qui détruit les ressources et les plantes bénéfiques.

Si les trajets et plans choisis entre les interviews ne sont pas des plus probants, si les séries d'entretiens s'avèrent un peu statique à la longue, c'est lorsque la caméra s'adapte que l'évocation devient intéressante. Ainsi une vue en gros plan sur le visage d'un vieillard se balançant, participe de l'aspect irréel de son discours sur les substances qu'il ingurgite. De même la vision d'une cérémonie, en écran noir, suggérée uniquement par ses sons, des chants traditionnels mêlés aux bruits de la forêt, vous prend progressivement aux tripes. Sonnette d'alarme, "El gran dragón" frappe par certains arguments, expliquant la différenciation du droit de propriété (disséqué entre le sol, le sous-sol, les rivières, pour mieux arranger les grandes entreprises pétrolières), et se termine en forme de plaidoyer efficace contre la marchandisation du monde.

Donnez votre avis (0)

Partager cet article sur Facebook Twitter





LA BANDE ANNONCE