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Tolbiac reprend conscience dans une mare vaseuse au fond d’une grotte, avec pour seule lumière celle d’une lampe clignotante. Totalement nu et très faible, il n’a plus aucun souvenir des événements qui ont précédé son réveil et ne sait pas où il est. Dans son parcours pour retrouver son chemin et sa mémoire, il découvre un réseau abandonné par une organisation mystérieuse nommée Eden Log…
Difficile de garder l'équilibre face à un tel film. Dès les premières images, où, d'un noir total émanent quelques flashs intermittents de lumière laissant deviner la silhouette d'un homme immergé dans la boue, le spectateur est mis mal à l'aise. Récupérant une lampe torche sur le corps d'une créature morte, notre « homme des cavernes » se retrouve soudain face à un portillon pivotant et de mystérieux messages vidéo projetés sur les murs, en plusieurs langues... De quoi être perplexe. Et c'est bien là l'état permanent dans lequel est plongé le spectateur tout au long du film. Découvrant une à une les pièces d'un puzzle futuriste, énergétique et apocalyptique, il reste pantois face à une mise en scène efficace, qui pour une fois, utilise tous les recoins d'un décors riche en galeries, failles, canalisations, baraquements, objets mystérieux, mais aussi en créatures.
Certains auront peut-être du mal à accepter la construction par niveaux, ajoutant, à la manière d'un jeu vidéo, des difficultés supplémentaires aux agissements d'un héros forcément pas si net. Les créatures qu'il devra affronter semblent elles aussi augmenter en force, au fil de sa remontée vers une surface qui cache on ne sait quel secret. Bien sûr, le discours sous-jacent sur l'état de la planète, l'exploitation de la nature par d'aveugles corporations et le libre arbitre, n'a rien de bien nouveau, mais le traitement est tellement efficace, qu'on peut bien pardonner quelques incohérences pseudo-scientifiques. Un réalisateur de genre est né.
CONTRE: Niveau 0 - Noir Éden…
Si l’Enfer est pavé de bonnes intentions, nul doute que l’on peut dire la même chose de la production cinématographique fantastique française. Mais on le sait, les bonnes intentions ne font pas toujours les meilleurs plats et, au moment de goûter la tambouille, on lui découvre parfois un arrière-goût de rance. « Eden Log » est de ces films-là : son esthétique léchée dissimule mal ses carences fondamentales dans à peu près tous les domaines, et l’ambition de son propos ne transparaît que rarement à l’écran.
Pourtant, le mystère qui enveloppe ce métrage qui débute par la renaissance symbolique du protagoniste principal, nu comme Adam, parvient à attiser la curiosité et le plaisir du spectateur, qui, durant les vingt premières minutes, est prêt à suivre cet étrange personnage dans ses errances. Pourtant, l’expérience de Frank Vestiel comme assistant réalisateur sur de nombreuses productions de genre se manifeste par une mise en scène propre, sans enluminures, qui se charge avec humilité de filmer un propos assez fort pour ne pas nécessiter d’effets esthétiques ostentatoires. Alors quoi ?
« Eden Log » souffre d’un triple problème, le même qui semble, par l’effet d’une quelconque malédiction inexorable, se répéter de film en film et passer, tel le « Témoin du mal », de main en main. D’abord, un univers a priori intéressant mais qui, à l’image, ne devient jamais palpable – à l’exception d’un plan final osant, pour la première fois en une heure et trente minutes, proposer une échelle de plan plus large… Comment faire exister des personnages dans un décor si évanescent ? Ensuite, et c’est sans doute la cause du précédent problème, le film est doté d’un scénario dénué d’audaces et truffé d’invraisemblances, qui s’attache plus à enchaîner les séquences qu’à construire une dramaturgie. Enfin, et c’est peut-être le plus grave, les comédiens échouent à donner corps à leurs protagonistes auxquels, par conséquent, il nous est difficile de nous identifier.
Vidés de toute substance, laissés à l’état de base de travail, les personnages évoluent dans un brouillard mental qui n’a d’égal que celui dans lequel est plongé le spectateur. Malgré d’évidentes qualités – encore une fois, le travail de mise en scène est plus que louable – et une volonté farouche de faire enfin traverser au cinéma français l’abîme mortel du fantastique, « Eden Log » s’enlise dans son propre projet. Et laisse, pour quelques temps encore, le cinéma de genre hexagonal sur la rive du ratage.
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