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Rasa, une jeune femme originaire des Balkans et de religion musulmane, apprend dès le début du film qu'elle fait partie des futurs licenciés d'une entreprise de conditionnement de légumes. Coincée auprès de son père, malade et quasi inapte au travail, elle va essayer de trouver un moyen de se réinsérer dans la vie active...
Ce film social, Grand prix de la Semaine de la critique du Festival de Venise 2012, aborde le sujet difficile, et tant d'actualité, de la réinsertion économique. Située en Suède, l'action se double, de part la nature même des origines et croyances de son héroïne, d'un discours sur la discrimination et l'inégalité des chances. Mais le film de Gabriela Pichler dresse surtout le portrait d'une jeunesse insoumise et combative, que rien ne semble pouvoir décourager.
Décrivant dans le détail la spirale liée à la perte du travail et le cortège des humiliations quotidiennes, "Eat Sleep Die" décrit surtout les ressorts d'un système hypocrite, qui exclue certains plus que d'autres. Derrière les beaux discours sur le fait que « chacun créé ses propres opportunités », derrières les groupes de soutien ou les formations aux entretiens d'embauches, se cache un monde d'une violence psychologique extrême, où certains noms sonnent trop « arabes », où l'on vous catalogue à la va-vite, et qui vous incite finalement à ne plus respecter les règles.
Rasa va ainsi passer par différentes étapes, persistant obstinément à croire que le système est là pour l'aider, du refus (elle tente bêtement de se cacher quand on la cherche pour lui annoncer son renvoi...), jusqu'à la rébellion. La caméra à l'épaule aide à nous transmettre l'angoisse grandissante, voire la rage cachée de celle qu'on pourrait aisément comparer à la "Rosetta" des frères Dardenne. Un film viscéral et engagé, servi par Nermina Lukac, jeune actrice dont on devrait vite réentendre parler.
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