affiche film

© Bellissima Films

DRAQUILA, L’ITALIE QUI TREMBLE

(Draquila, L’Italia che trĂ©ma)


un documentaire de Sabrina Guzzanti

L'Aquila, Italie, avril 2009. Un tremblement de terre ravage la rĂ©gion et fait plus de 300 morts. ImmĂ©diatement, le gouvernement de Berlusconi profite de l’occasion pour mettre en place un projet de reconstruction destinĂ© Ă  redonner du crĂ©dit Ă  un pouvoir en perte de vitesse et usĂ© par des scandales. Sabrina Guzzanti, journaliste et imitatrice Ă  la tĂ©lĂ©vision italienne, a dĂ©cidĂ© de suivre pendant plusieurs mois les habitants de l’Aquila a qui l’on a promis des miracles, afin de comprendre pourquoi ce sĂ©isme fut une aubaine pour Berlusconi...


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Photo film

La terre tremble

Entre Sabrina Guzzanti et Silvio Berlusconi c’est un peu le grand amour comme on peut dĂ©jĂ  le trouver entre Michael Moore et la famille Bush. La rĂ©alisatrice s’en prenait dĂ©jĂ  au gouvernement italien en 2005 avec « Viva Zapatero », attaquant le contrĂŽle des mĂ©dias par le gouvernement, suite Ă  l’annulation de son Ă©mission sur la RAI. Ici, Sabrina Guzzanti va encore plus loin, en couvrant cette affaire qui a fait trembler l’Italie : l’exploitation du sĂ©isme de l’Aquila par le gouvernement Ă  des fins purement personnelles et intĂ©ressĂ©es comme nous le montre le film.

En alternant habillement un suivi des habitants de l’Aquila et des actions du gouvernement, avec des imitations satiriques de Berlusconi, Sabrina Guzzanti s’applique Ă  dĂ©noncer le moindre agissement peu respectable du prĂ©sident et des autres membres du gouvernement et de la Protection Civile. Les tĂ©moignages de ces pauvres gens, qui du jour au lendemain, aprĂšs avoir perdu des proches et leur logement, se retrouvent parquĂ©s dans des camps, en attendant pendant presque un an que le gouvernement leur reconstruise des habitations, dans lesquelles tout semble faux, ne servant qu’à mettre en avant leur action et non pas Ă  prendre en compte le bien ĂȘtre de la population. Comment ne pas rĂ©agir et ĂȘtre choquĂ© lorsque l’on voit la façon dont ces gens ont Ă©tĂ© exploitĂ©s, et qu'on est tĂ©moin de cette opĂ©ration de grande envergure, exploitant le malheur de certains, pour couvrir les frasques des dirigeants italiens ?

Sabrina Guzzanti, qui a une dent contre Berlusconi depuis longtemps, ne lĂąche rien et n’hĂ©site pas Ă  dĂ©noncer le moindre fait douteux, la moindre action lĂ©galement justifiĂ©e mais moralement honteuse de son gouvernement. C’est peut ĂȘtre lĂ  que se trouve le petit dĂ©faut du film : Ă  trop vouloir discrĂ©diter son adversaire, que cela soit justifiĂ© ou non, on finit par lui donner la possibilitĂ© d’attirer la sympathie. Cela n’arrive pas, heureusement, mais son acharnement sur Berlusconi aurait gagnĂ© en efficacitĂ© si l’on n'avait pas l'impression qu'il s'agit lĂ  presque d'une affaire personnelle. Cependant, l’ensemble reste quand mĂȘme trĂšs cohĂ©rent, juste, et ne ressemble pas Ă  une croisade comme pouvait l’ĂȘtre « Farenheit 9/11 » de Michael Moore. A chacun de se faire son avis et d’avoir son opinion.

C’est finalement le gouvernement italien qui se tire une balle dans le pied avec ce film. BoycottĂ© par l’équipe de Berlusconi lors de sa projection Ă  Cannes, en 2010, qui verra le refus, Ă  quelques jours de l’ouverture, de Sandro Bondi, le Ministre de la culture, d’assister au Festival. La ministre du tourisme, Michela Brambilla, aurait mĂȘme menacĂ© la rĂ©alisatrice d’actions en justice si le film faisait du tort au pays. De quoi alimenter beaucoup discussion lors de la projection, et surtout donner Ă©normĂ©ment de crĂ©dit au film de Sabrina Guzzanti.

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