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Malcom est un geek mais son quotidien est malmené par ses voisins, des dealers. Il vit, en effet, dans l'un des quartiers les plus chauds de Los Angeles et désire par-dessus tout en sortir. Il espère accéder à une université de prestige qui l'aidera à sortir du ghetto. C'est lors d'un entretien qu'il se voit confier un challenge plutôt inattendu…
Il y a pas mal d'excès dans cette comédie adolescente hip-hop de Rick Famuyiwa présentée à la Quinzaine des Réalisateurs 2015 : stéréotypes grinçants, situations abracadabrantes, références prépondérantes aux clichés des clips de rap… Pourtant, "Dope" est bien meilleur et bien plus que ce qu'il aurait pu être si Rick Famuyiwa n'avait pas su jouer de ces clichés et de leurs perceptions. Dans ses références à la culture hip-hop et aux productions estampillées "black" des années 90, "Dope" est un objet à la fois cool et une inventive histoire sur le passage à l'âge adulte.
Lorsqu'on est noir dans les quartiers défavorisés de Los Angeles tels qu'Inglewood, la réussite ne semble passer que par le sport ou la musique. Malcom, lui, a choisi une autre voie : les études. Elevé par sa mère seule après que son père a déserté (un classique dans le ghetto), il se démène pour sortir celle-ci de son quartier en tentant d'entrer à l'université. Ses potes geeks et lui sont loin d'être des produits de leur environnement et lorsqu'il doit franchir le territoire des dealers, il est vite pris à part. Sa meilleure arme contre les voyous ? Malcom connaît ses classiques du rap ! Du moins, c'est comme cela qu'il se tire d'affaire lors de sa rencontre avec Dom, le dealer du quartier qui en pince pour la ravissante Nakia (interprétée par une Zoé Kravitz qui rappelle la belle Jada Pinket à l'époque de "Menace 2 Society"). C'est en se faisant inviter à une soirée qui tourne mal que le destin de Malcom et ses potes va vaciller de leur quotidien de geek vers un univers qui leur est peu familier.
C'est un récit à cent à l'heure, dynamique, espiègle et bourré d'inventivité via son excellent montage que nous livre ici Rick Famuyiwa. Même si de grosses références aux années 90 planent pendant tout le film, le réalisateur afro-américain réussit à capter son époque avec ses personnages geek cool et l'omniprésence des réseaux sociaux. Les personnages sont interprétés sans fausses notes et toujours dans le ton du film, tour à tour sérieux et foldingue. Ainsi, et bien que ce soit son premier rôle au cinéma, Shameik Moore réussit à adapter son jeu à ce spectacle divertissant. Tony Revolori confirme, pour sa part, son talent après The Grand Budapest Hotel, tandis que s'affirme la jeune Kiersey Clemons et que Zoé Kravitz et Chanel Iman apportent la touche sexy. Même le rappeur A$AP Rocky, qui campe un dealer futé et sans pitié, déballe une belle prestation pour interpréter son personnage plein de dualité. Ces excellentes performances de comédiens couplées à une belle écriture des personnages compensent avec efficacité les quelques faiblesses du scénario ici et là. En plus, l'énergie déployée par "Dope" est si vivifiante qu'il mérite amplement son titre et que l'on passe sur ses quelques défauts mineurs.
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