© Sony Pictures Releasing France
Rocky, Alex et Money ont lâhabitude de commettre des petits braquages en sâimposant des rĂšgles strictes : pas plus de 10 000 dollars et jamais de cash. Mais lorsquâils entendent parler dâun ancien militaire aveugle qui garderait chez lui une fortune, le trio dĂ©cide de se lancer dans ce dernier coup, le fameux « gros coup » qui leur permettrait de rĂ©aliser leurs rĂȘves. Malheureusement pour eux, la victime ne sera pas forcĂ©ment celle que lâon croitâŠ
En 2013, un homme avait osĂ© sâattaquer au cultissime "Evil Dead" de Sam Raimi. Souffrant dâun hĂ©ritage hollywoodien de nanars tentant vainement de donner un second souffle Ă des Ćuvres horrifiques qui ne demandaient pourtant rien, les critiques avaient fusĂ©es. Pourtant, aprĂšs le visionnage de ce remake, les avis nĂ©gatifs Ă©taient bien moins prĂ©gnants. Ceci parce que le rĂ©alisateur Fede Alvarez avait offert une vraie vision, osant et assumant une mise en scĂšne nerveuse Ă lâesthĂ©tique soignĂ©e.
Pour son nouveau film, le cinĂ©aste reste dans le domaine de lâĂ©pouvante, mĂȘme sâil sâamuse Ă flirter en permanence avec les codes du thriller. Son pitch est minimaliste, mais loin dâĂȘtre simpliste : un braquage, qui devait ĂȘtre une formalitĂ©, tourne progressivement au vrai cauchemar. Soit un postulat trĂšs proche du "Sous-sol de la peur", mĂ©trage assez mĂ©connu de Wes Craven qui a eu cette annĂ©e les honneurs d'un passage Ă la CinĂ©mathĂšque avec plusieurs projections. Sauf que lâhumour va laisser place Ă une approche bien plus radicale, profondĂ©ment malsaine et gĂ©nĂ©ratrice de malaise.
Car lorsque Rocky, Alex et Money, trois jeunes habituĂ©s des petits cambriolages, dĂ©cident de dĂ©valiser un aveugle, ils ne sâattendent en rien Ă ce quâils vont dĂ©couvrir. Jouant avec les sens et la perception (grĂące Ă lâexcellente idĂ©e que la victime visĂ©e soit non-voyante), "Donât Breathe" se construit comme une expĂ©rience sensorielle astucieuse, dont la trame multiplie les degrĂ©s de lecture, avec toujours en toile de fond la misĂšre sociale dâun Detroit abandonnĂ© et agonisant. Refusant les gros artifices, Alvarez prĂ©fĂšre dĂ©velopper une ambiance oppressante, une atmosphĂšre anxiogĂšne en usant intelligemment dâeffets visuels et sonores trĂšs simples : des jeux de lumiĂšres, des portes qui claquent, un cadre resserrĂ©.
Mais lĂ oĂč le film impressionne, câest dans sa capacitĂ© Ă se renouveler, Ă exploser les limites du home invasion en offrant de nombreuses sĂ©quences bien flippantes, car complĂštement inattendues. Lâinterdiction aux moins de 16 ans, fait assez rare, ne relĂšve ainsi pas tant de lâimagerie gore de lâensemble, mais bien des twists et messages immoraux qui peuplent le film. Reposant sur un scĂ©nario malin et habilement construit, le mĂ©trage rĂ©pond Ă lâadage dâHitchcok qui veut quâun bon mĂ©chant donne un bon film. Car celui incarnĂ© par le gĂ©nial Stephen Lang est plus que terrifiant, la perversitĂ© de son esprit devenant rapidement plus effrayante que les piĂšges parsemant cette demeure labyrinthique. Sans y paraĂźtre, "Donât Breathe â La Maison des tĂ©nĂšbres" (on notera lâoriginalitĂ© de lâajout français du sous-titre) sâimpose comme la brillante application dâune grammaire visuelle entiĂšrement maĂźtrisĂ©e par son auteur, confiant Ă cette Ćuvre le statut de « trĂšs bonne surprise ».
LA BANDE ANNONCE
Cinémas lyonnais
Cinémas du RhÎne
Festivals lyonnais