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Un acteur vieillissant, spĂ©cialisĂ© dans le western, se fait la belle du tournage sur lequel il joue. Il se rend chez sa mĂšre, quâil nâa pas vu depuis dix ans, et qui lui apprend quâil a eu un enfant, trente ans auparavantâŠ
Ouvrant son film sur une chevauchĂ©e irrĂ©elle, dont la fluiditĂ© des plans Ă©voque une libertĂ© retrouvĂ©e pour notre anti-hĂ©ros, Wim Wenders nous plonge dans un univers fait dâimages et de rĂȘves lĂ©chĂ©s, qui contrastent avec la sordide rĂ©alitĂ© quotidienne des autres protagonistes. RecherchĂ© par la compagnie dâassurance du studio, le flegmatique Sam Shepard, se dĂ©barrasse de ses attaches « au mĂ©tier », pour aller chercher ce qui est vĂ©ritablement important : un fils.
A partir du mĂȘme point de dĂ©part que Jim Jarmush (Broken Flowers), autre film traitant de la recherche dâune paternitĂ© improbable, et dâune Ă©ventuelle responsabilitĂ© concomitante, Wenders se concentre lui sur les thĂšmes du temps qui passe, et de la possibilitĂ© de pardon (dâune femme abandonnĂ©e, et dâun fils oubliĂ©). Entre inconscience et Ă©goĂŻsme, son personnage principal aura longtemps prĂ©fĂ©rĂ© la fĂȘte, la drogue et le jeu, semant nombre de cadavres de bouteilles, dans une perdition joyeuse que lâon nous tait finalement. Mais il a choisi de voir les choses en face, et de retourner sur des traces, oubliĂ©es.
Habilement, Wenders se concentre alors sur les retrouvailles douloureuses, et la dĂ©couverte difficile dâun autre, issu de soi. Et Jessica Lange, superbe dans son aplomb prĂ©caire, est alors au centre de la plus belle scĂšne du film. Devant une vitrine de magasin, son personnage a enfin lâoccasion dâexprimer ses rancĆurs et sa dĂ©ception. Et la camĂ©ra de Wenders, virevoltante, passant de lâintĂ©rieur Ă lâextĂ©rieur, donne Ă ces instants de souffrance, un poids particulier. Comme si le temps sâarrĂȘtait, histoire de respecter une expression de dĂ©pit, et dâenterrer un passĂ© endolori. Un grand moment de cinĂ©ma.
Avec le fils, les choses seront plus difficiles encore. Mais le rĂ©alisateur allemand sachant rester dans la poĂ©sie, garde ce quâil faut dâirrĂ©alisme, pour nous permettre dâaimer ce jeune personnage, qui fait « littĂ©ralement » le vide dans sa maison, et dans sa vie, pour y accueillir un pĂšre redoutĂ©, quâune autre jeune fille voudrait bien sâaccaparer. Fait de personnages excentriques et typĂ©s, servi par une photo sublime, le nouveau Wenders captive et Ă©meut, signant le grand retour dâun auteur, quâon avait tendance Ă oublier.
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