© Bodega Films
Diego et sa soeur Andréa passent leurs dernières vacances avant la fac, au bord de mer, dans la villa luxueuse de leur père. Ce dernier leur présente sa nouvelle conquête, Elisa, jeune femme qui pourrait être sa fille, issue d'un milieu péruvien bien moins favorisé...
« Dioses » est un film péruvien comme on a pas l'habitude d'en voir beaucoup, certes de manière générale, puisque si l'Ours d'or fut remporté l'an dernier par « Fausta » cela reste une exception, mais aussi par le point de vue adopté sur un pays dont on montre d'habitude les populations déshéritées. Le film apparaît donc d'emblée comme décalé, troublant par ses sous-entendus sur une mondialisation écrasante des écarts de richesse.
Mais là n'est pas totalement le sujet. « Dioses » est surtout l'histoire d'une famille éclatée, dans laquelle le fils semble avoir bien du mal à trouver ses marques, tenté par l'inceste, face à soeur, belle, bronzée, fille plutôt facile, dont il aime à tenir la main d'une fausse innocence, ou à frôler de gestes équivoques dans ses sommeils alcoolisé. Le réalisateur du remarqué « Dias de Santiago » fait ainsi rapidement naître un malaise, du fait d'une oisiveté estivale, qui pourrait bien mener dans les pires recoins d'une perversion non assumée.
En parallèle, son scénario, développé dans le cadre de la Résidence du Festival de Cannes, suit aussi l'apprentissage de la femme, devant faire des choix entre une famille pauvre et nature, et un monde d'argent, de soirées, de manières sophistiquées, qu'elle tient à l'écart. Ses contradictions prendront corps de manière terrible lors d'une scène où elle rend visite à ses frères et ses parents. Dans le décors minimal d'une petite cuisine, qui contraste à merveille avec les grandes pièces blanches de la villa, elle prendra des décisions aussi pathétiques que cruelles.
Même si « Dioses » rappelle forcément l'excellent « Zona sur » (film bolivien sur le même thème, prix de la mise en scène et du scénario à Sundance 2010, qu'on espère voir prochainement distribué), son ambiance feutrée, ses décors aseptisés, cachent à merveille les conflits intérieurs de personnages coincés, dans un monde codifié, dans un cas désiré, dans l'autre rejeté. Son atmosphère luxueuse et lissée, dont la concentration en poison semble augmenter au fil du métrage, vous restera en bouche (ou en narine) encore longtemps après la projection.
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