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Dans les montagnes de la Suisse allemande, réside un apiculteur qui tente de préserver la pureté de la race d'abeilles noires qui caractérise sa vallée. Aux États-Unis, un autre apiculteur balade ses ruches sur des camions, pour polliniser différentes cultures selon les époques de l'année...
« Des abeilles et des hommes » est construit autour d'une série d'allers-retours, mettant en parallèle deux mondes, celui d'une apiculture traditionnelle, en voie de disparition, et celui d'une apiculture industrielle, pour laquelle le doux « bzzzzzzzzzzz » de ces insectes, est, je cite l'un des interlocuteurs du début du film : « le son de l'argent » (« the sound of money »). Dans les deux cas, l'homme utilise l'animal, et tire profit de ce qu'il produit : d'un côté un bien - le miel-, de l'autre un service – la pollinisation, et donc d'autres biens (fruits...). Pour cela, chacun développe une stratégie, visant à multiplier les reines et donc les ruches, ou à éviter l'extinction de l'espèce.
Avec force images, impressionnantes de détails (voir le filmage « en vol », y compris d'un accouplement), et des morceaux d'interviews savamment choisis, les auteurs dressent en réalité le portrait d'un monde en mouvement, où l'homme ne maîtrise plus vraiment les conséquences de ses actes. Sans être catastrophiste (Einstein aurait prévu l'extinction de l'espèce humaine, au maximum 4 ans après la disparition des dernières abeilles, mais la pollinisation n'étant nécessaire à la production que de 30% de ce que l'on mange...), le film pose tout de même les limites de la dérive commerciale de l’agroalimentaire et la possible rébellion de la nature, ici au travers de la difficilement contrôlable abeille africanisée.
Entre recherches étonnantes (qui montrent l'intelligence de l'espèce ; voir la scène où l'on pose un GPS sur le dos de l'abeille montrant qu'elles sont capables de recalculer des trajectoires d'elles-mêmes...), technique méticuleuse de reproduction artisanale des reines, et mise en évidence des conséquences de l'utilisation irraisonnée de l’espèce (propagation de maladies, utilisation de produit chimiques ou antibiotiques...), nul doute que « Des abeilles et des hommes » devrait piquer la curiosité des grands comme des petits, et pourquoi pas éveiller des vocations. Seul bémol, une voix-off unique, dont on ne sait rapidement plus au nom de qui elle s'adresse au spectateur.
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