© Memento Films Distribution
C'est l'été, dans un coin reculé de la Turquie. Dans une ferme, située au pieds d'une colline rocheuse, un grand père, propriétaire des terres, reçoit son second fils, ainsi que ses petits enfants. Au passage de nomades, vécu comme une menace, s'ajoute celui de militaires, supposés être en manœuvre...
Cette œuvre étrange venue de Turquie se déroule dans un décor champêtre, presque idyllique, et semble, de prime abord, empreinte de la douceur d'un été. Plusieurs personnages, pour la plupart membres de la même famille, y évoluent, à l'ombre de plantations rassurantes, à proximité d'une rivière rafraîchissante, la chaleur se faisant de plus en plus accablante. Il faut dire que cette augmentation de la température va de paire avec la paranoïa grandissante dans laquelle nous plonge progressivement le metteur en scène.
Car au sein de ces paysages magnifiques, propres à l'aventure, à proximité de ces falaises que longe un chemin sinueux, se joue une lutte contre des nomades soupçonnés de tuer des moutons. Ces derniers, objets d'étranges apparitions, comme des silhouettes lointaines en haut de la colline, se doublent de la rencontre de l'un des petits-fils avec des militaires fantomatiques, en pleine manœuvre. Alternant des moments suspendus dans le temps, plongés dans la léthargie estivale, et des éveils tenant plus du soudain électrochoc, Emin Alper jongle avec fluidité entre plusieurs styles, passant de scènes de comédie entre un grand-père et un fils plutôt fainéant, au thriller psychologique, ou à la pure chronique familiale.
Il construit ainsi une métaphore de l'état d'esprit d'une société qui doute, qui a peur de son voisin, de la différence ou plus globalement de l'étranger. Dépeignant un monde rural idéalisé, rempart improbable contre la globalisation galopante, il met aussi en évidence un repli sur les valeurs du travail (le fils se fait engueuler lorsqu'il ne voit dans la propriété que le bonheur champêtre et pas le labeur de l'entretien) et de la propriété. Conte étrange où se mêle bien être et malaise, "Derrière la colline" captive par la beauté de ses images et son subtil équilibre entre légèreté et gravité, sachant par moments suspendre le temps, à l'image de cette scène où l'un des petits-fils, en train de se baigner, se fige en découvrant des troupes, qui passent lentement à moitié immergés.
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