Acceptez mon petit monstre

Le réalisateur l’annonce dès le départ : épileptiques s’abstenir et ce film est voué à être joué à haut volume ! Sacré curiosité que voilà. Il ne faut que quelques secondes de plus pour se trouver devant une atmosphère à la Gaspar Noé (lumière blafarde tirant sur le rouge et stroboscopes à pleins tubes). Tina, une jeune adolescente allemande aux tenues affriolantes, est à une soirée piscine-techno et un de ses camarades lui montre une vidéo virale où une jeune fille se fait percuter par une voiture. Cette vision la perturbe et très vite elle perd les pédales.

Le teen-movie bascule d’un coup dans un film fantastique maîtrisé où Tina voit ou croit voir une créature proche d’un gollum en train de se servir dans le réfrigérateur de la maison familiale. Malheureusement pour elle, personne ne la croit et à chaque fois qu’elle est sur le point de montrer la chose, celle-ci disparaît. Elle devient finalement très vite la risée du lycée. Le réalisateur maîtrise ses séquences irrationnelles et la sève du film, à savoir si oui ou non Tina est en proie à des hallucinations, est très bien entretenue. Aucune piste n’est privilégiée, ce qui a le don de nous interroger sur la véracité de ce que l’on observe à l’écran, du point de vue de Tina. Carolyn Genzkow, dans le rôle de l’adolescente, s’en sort très bien pour ce rôle de fille perturbée par ses visions et le regard des autres.

Une fois le lien établi entre Tina et la petite créature, on ne peut s’empêcher d’interpréter cette œuvre comme une métaphore sur le passage à l'âge adulte et sur l’acceptation de soi et de ses différences à l’issue d’une adolescence dictée par les codes préétablis et le regard des autres. On retrouve également du Cronenberg dans le rapport du surnaturel avec le corps. Avec son côté amateur punk sortant des sentiers battus, "Der Nachtmachr" est une excellente surprise qui ravira sans aucun doute les amateurs de films fantastiques !