© Mars Films
Samuel est ce que l'on pourrait appeler un « bon vivant ». Il passe son temps à enchaîner les coups d'un soir et les soirées dantesques au bord de la mer. Mais un matin, une ancienne conquête débarque avec un bébé dans les bras. Sauf que la petite Gloria serait la fille de cet incurable fêtard. Forcément, cela va quelque peu bousculer ses plans...
On avait laissé Hugo Gélin il y a déjà quatre années avec l'excellent "Comme des frères", road movie tendre et sensible dont les excentricités rompaient avec la gravité latente. Pour son deuxième long métrage, le réalisateur poursuit sur le même chemin, annihilant un fond dramatique par un scénario faisant la part belle aux digressions comiques et aux situations loufoques. Mais les premières minutes laissent pourtant redouter l'écart de conduite, une voix-off ô combien existentialiste berçant des images picturales d'un Sud gorgé de soleil. Cette logorrhée pseudo-philosophique est l'œuvre de Samuel, un fêtard invétéré jouant les plagistes dans un club de la Côte d'Azur. Son quotidien alterne entre balade en hors-bord, coups d'un soir et fêtes dantesques sur des rythmes #EDM. Jusqu’au jour où une femme vienne interrompre un sommeil alcoolisé pour lui présenter une fille, sa fille. Sans avoir le temps de se rappeler le prénom de la belle, le jeune homme se retrouve avec un enfant sur les bras, avec aucun manuel d’apprentissage de la parentalité.
Les débuts sont alors hésitants, le montage est maladroit, les personnages titubent dans un entre-deux scénaristique brouillon. Les années défilent en quelques plans clipesques, les défauts demeurent. Les grosses ficelles sont trop évidentes, trop apparentes, le mélodrame mielleux sombrant inéluctablement plus dans la niaiserie que dans l’émotion. Pourtant, sans véritable explication rationnelle, le conte naïf se transforme en une ode familiale attendrissante, un souffle onirique et fantasque empêchant cette comédie galvanisante de s’enfermer dans le cadre formaté des premiers instants. Ce revirement de situation est avant tout dû au talent des comédiens, la jeune Gloria Colston en tête. Déconcertante de naturel, sa petite bouille illumine la pellicule, offrant au cinéaste une large palette sur laquelle bâtir un socle solide pour son intrigue. Si Omar Sy fait le job et si la relation père/fille constitue le moteur du film, l’autre révélation est bien Antoine Bertrand, impeccable en levier comique dont les répliques forment les respirations nécessaires au trop-plein de bons sentiments déployés.
Avec son montage rythmé, sa bande-son léchée et son énergie communicative, "Demain tout commence" présente un résultat plus qu’honorable. Excellent divertissement familial, le métrage aux effluves généreux de bons sentiments présente toutefois un côté trop racoleur, une volonté de faire pleurer dans les salles obscures au détriment de la crédibilité d’un scénario pas toujours des plus habiles. Avec ses rebondissements rocambolesques, son simulacre de procès et son désintérêt du réalisme, l’ensemble se pare même d’un aspect burlesque un brin ringard. Si les intentions étaient bonnes, le pari d’Hugo Gélin est quelque peu décevant. Néanmoins, le rire d’Omar Sy, les punchlines savoureuses de son acolyte londonien, et l’esthétisme de la mise en scène sont des raisons largement suffisantes pour accorder deux heures de son temps au visionnage de cette fable tragi-comique. Car peu importe les maladresses, il est certain que vos zygomatiques seront titillés. Et c’est bien là le but même d’une comédie.
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