© Les Films du Losange
Un matin comme les autres, Paul Wertret, employé de banque, se rend à son travail à pied, prenant soin de laisser sa voiture au garage, les clés enfermées à l’intérieur. Il arrive à 8h précise et d’une manière tout à fait naturelle, descend deux de ses supérieurs en quelques coups de feu, avant de prendre place à son bureau. En attendant les forces de l’ordre, on observe cet homme fatigué et on remonte quelques années ou mois en arrière pour comprendre ce qui l’a poussé à commettre l’irréparable…
Pour ce nouveau long métrage, Jean-Marc Moutout s’attaque à un sujet sensible : le monde impitoyable de l’entreprise. Après les suicides médiatisés des employés de France Télécom, Renault, Thalès… c’est ici un homme simple, Paul Wertet, que l’on suit un matin se rendre à son bureau et descendre deux de ses supérieurs, dans un calme déconcertant.
Commencer par la fin, c’est peut être la meilleure des solutions pour nous intéresser vraiment, en tant que spectateur, au pourquoi du comment. Assis à son bureau, le pistolet posé à coté de son clavier d’ordinateur, Paul attend. Pendant cette attente, nous revenons sur les moments clés qui ont entraîné cette chute. Et on se demande à quel instant est-ce que tout a basculé pour lui ?
Jean-Marc Moutout traduit avec brio la complexité des relations de pouvoir en entreprise et les exigences contradictoires de chacun. Les scènes sont courtes mais marquantes, les choses sont dites sans jamais tomber dans le cliché. Il nous expose avec justesse les égos de chacun et la souffrance grandissante d’un homme qui aimerait faire beaucoup mais à qui on ne laisse plus de place. Du grand bureau à l’open space, de la relation client au fichage de données, Paul descend les échelons après les avoir grimpés avec fierté tout au long de sa carrière.
L’injustice, voilà le sentiment que nous dépeint son réalisateur. Loin de considérer ce sujet avec humour et légèreté, il évalue au contraire la gravité de la situation et nous sommes touchés par la descente vertigineuse de cet homme. À le voir assis seul en salle de réunion à attendre ses collègues qui ne viendront pas, on a mal pour lui. C’est un film glacial mais qui peut provoquer des sueurs : autant de vérité en si peu de minutes, c’est effrayant.
Alors, « De Bon Matin », vous me direz, ce n’est pas un film à regarder après une journée compliquée au boulot, j’en conviens. Mais si l’on est prêt à affronter une certaine réalité, penchons-nous un instant sur ce sujet. Il y a tant de drames que l’on pourrait éviter en faisant un tout petit plus attention à chacun…
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