©Mars Distribution
Apprenti rappeur, Ixe est un jeune de banlieue qui rêve de faire de sa passion son métier. Soutenu et aidé par son entourage, notamment par Keuj son coiffeur / manager, il participe à un concert. Il y sera alors repéré par Ava, productrice d’une comédie musicale sur l’histoire du hip hop, qui lui proposera d’interpréter le premier rôle de son spectacle. Mais entre jalousie des autres, doute de soi et souci d’intégrité, les problèmes ne font que commencer pour cette étoile montante…
Vue sur Montmartre, air d’accordéon. Puis panoramique bas sur des barres d’immeubles, une musique hip-hop accompagnant le tout. Ce premier plan expose clairement les intentions du film qu’il amorce ; se revendiquer du mouvement hip-hop. Ici, la parole est donnée aux MCs et aux DJs, ce qui est une cause honorable tant ils sont peu représentés dans le paysage cinématographique français. Mais à l’image de cette scène d’exposition (Montmartre = vieille France = accordéon / cité = immigrés = hip hop), ce film dévie avec une facilité regrettable vers les pires clichés.
Certes, l’idée de suivre l’ascension d’un rappeur aurait pu s’avérer appropriée pour présenter une telle culture. Mais encore aurait-il fallu que l’histoire se teinte un tant soit peu de réalisme. En effet, je ne pense pas qu’il soit aussi facile de faire un seul concert pour finir en tête d’affiche d’un événement surmédiatisé. Et quitte à pousser l’absurde jusqu’au bout, ce dernier est supervisé par l’idole du héros ! Le rêve s’est alors réalisé. Et pourtant, nous ne sommes qu’au tiers du film !!!
Le reste du récit se chargera alors de décrire les déboires psychologiques du jeune homme face au succès, mais c’est peine perdue. En effet, comment prendre au sérieux ses doutes alors qu’il a signé un contrat qui lui assure la célébrité ? Comment croire qu’il va tout lâcher, soucieux de son intégrité, alors qu’il est parvenu à ses fins ? Tous ces événements sont autant de tentatives de rebondissements inutiles, tant ils sont incapables de nous mener ailleurs que sur la piste d’une fin que l’on connaît déjà.
Et si tel est le cas, c’est que le scénario n’ouvre d’aucune façon vers une ou plusieurs autres conclusions potentielles. A la différence d’un 8 Mile dans lequel le héros hésite constamment entre deux choix, à aucun moment une alternative n’est ici proposée au jeune MC. Sa réussite passe fatalement par la comédie musicale à laquelle il participe. Et cela trahit la conception du hip hop qu’ont les auteurs du film.
Pour eux, le talent dans ce milieu semble se mesurer à la taille du succès. Au plus on fait un gros concert, au plus on est bon, quitte à faire quelque chose d’impersonnel (rappelons que les textes du jeune rappeur ne sont pas les siens, tant dans le scénario que dans la réalité.) A la vue d’une telle conception, les auteurs cachent difficilement qu’ils n’y connaissent rien au-delà d’une certaine façade du hip hop surmédiatisé par Rap Magazine et MTV.
Dès lors, rien d’étonnant à retrouver Denis Thybaud, réalisateur de clips de Bob Sinclar (!) et de pubs pour Mc Do, aux commandes de cette galère. Et d’un certain côté, il faut reconnaître une certaine maîtrise de la lumière et des décors. Un esthétisme dense, un peu édulcoré, mais qui trouve ici plus sa place qu’une approche réaliste froide et dure. Car en effet, ce film se résume en une sorte de long clip qui fait la douce promotion d’un certain rap, et qui aurait prétentieusement pu s’intituler « le hip hop c’est mon pote ! » Reste que le hip hop se serait bien passé de ça …
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