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Erna, une femme estonienne, est déportée avec sa fille en Sibérie par le régime stalinien. Pendant quinze ans, elle continuera d'écrire à son mari qu'elle espère toujours vivant...
Pour réaliser ce film muet que seuls traversent les mots d'Erna en voix-off, le jeune cinéaste a développé un choix de mise en scène original et très peu employé au cinéma. Seule une vingtaine de plan-séquences suffira à dépeindre un épisode sombre de la Seconde Guerre Mondiale : la déportation de milliers d'Estoniens par le régime stalinien. De nombreux comédiens participent ainsi à l'élaboration de vastes tableaux vivants, où chaque personnage est immobile, mais non figé. On connaît dans le cinéma américain ces héros ayant le pouvoir de figer le temps. Les personnages autour de lui sont figés numériquement tandis que lui-même est libre de tous mouvements. Ici les personnages sont immobiles mais bien vivants. On voit des yeux qui clignent, des poitrines qui se soulèvent, l'équilibre qui se cherche. L'effet n'en est que plus puissant. Seule la caméra navigue dans ces impressionnantes natures mortes à échelle humaine.
Comme glissant dans un songe, chaque scène illustre les lettres lues en voix-off par Erna. Une fois le procédé compris par le spectateur, le danger de la mise en scène est de tourner en rond, ce que le film n'évite pas, deux-trois séquences étant un peu répétitives. Mais plus le film touche à sa fin, plus l'émotion se fait grande, et l'on pardonne aisément ces quelques longueurs. « Crosswind, la croisée des vents » est donc un bel exercice de style, au sujet difficile et à la beauté tragique, qui font de ce film, à défaut d'un chef d’œuvre, une véritable œuvre d'art.
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