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Isabelle et Christine terminent un dossier de travail tard le soir. La première, assistante de la seconde, cherche à donner le meilleur d’elle-même pour faire plaisir à sa chef qu’elle admire et en qui elle voit un modèle… Mais Christine a d’autres desseins, moins glorieux : récupérer les bons résultats de son assistante pour progresser dans l’entreprise et être promue à New York… Quand Isabelle découvre le manège de sa chef, elle élabore un plan diabolique…
C’est le sourire aux lèvres que nous sortons de la séance de projection du nouveau Alain Corneau, « Crime d’amour ». Ce thriller ne relève pas le niveau des précédentes productions françaises qui ont tenté de se frotter au grand Hitchcock. « Blanc comme neige », « Sans laisser de traces », « Insoupçonnable » et maintenant ce « Crime d’amour », une liste de films sortis à quelques semaines d’intervalle, mais qui ont comme unique point commun de s’être lamentablement plantés dans tous les sous-genres inhérents au thriller : le suspense, le film policier, la manipulation du spectateur. Las ! il n’y a pas grand-chose à sauver dans le film de Corneau, si ce n’est le postulat de départ et quelques comédiens, dont le prometteur Guillaume Marquet, le surprenant Patrick Mille et l’incroyable Kristin Scott-Thomas, véritable joyau égaré dans cette bouffonnerie à la mise en scène fantaisiste.
Car le scénario semble promettre le meilleur dès les premières minutes du film. Le cinéma noir semble au rendez-vous avec deux sublimes actrices qui s’affrontent dans un contexte social mettant l’entreprise et ses rapports de domination / manipulation en plein cœur du récit. Les sentiments ambigus de l’une pour l’autre amènent sur un plateau d’argent une histoire trouble où l’amour et la séduction se mêlent à la machination et aux pièges qui se mettent rapidement en place.
Mais quel crime… ! Corneau s’empêtre dans un scénario qui ne ménage ni suspense, ni intérêt, dès lors que le « crime d’amour » a eu lieu. Le film souffre d’une réalisation pauvre et non-inspirée qui ne lésine pas sur les énormités. Ainsi, les décors des scènes à l'étranger sont à pouffer de rire, les retours en arrière en noir et blanc sont d’un vieux jeu sidérant, les policiers ont rarement été plus clicheteux, la musique semble complètement déconnectée de son sujet, et bon nombre d’acteurs ne font pas honneur au long-métrage (reconnaîtrez-vous le trio de comédiens de la pub MMA ?!) jusqu’à Ludivine Sagnier elle-même qui ridiculise le film une bonne partie du temps. La voir qui fait sa vaisselle, la voir qui cherche son écharpe, la voir s’énerver dans un ascenseur, la voir pleurer sur le capot de sa voiture ou dans le bureau du juge… on en vient vite nous aussi à pleurer de déprime ou de rire (c’est selon qu’on ait admiré l’actrice à ses débuts ou qu’on n’est jamais pu la supporter dans un film).
L’histoire veut en plus qu’un des personnages utilise des images d’une vidéo surveillance où Ludivine délivre sa plus mauvaise interprétation du film ! Et paf, on se farcit à nouveau une des pires scènes ! Corneau ne s’est-il rendu compte de rien ? Sagnier elle-même ne s’est-elle rendue compte de rien ? Voilà le plus grand mystère du film !
Corneau rate donc son retour au cinéma, malgré une histoire qui sur le papier pouvait laisser présager du meilleur. Le résultat est davantage risible que réussi. Plus qu’un « Crime d’amour », un crime de cinéma…
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