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© Alfama Films

COSMOS


un film de Andrzej Zulawski

avec : Jonathan Genet, Johan Libéreau, Sabine Azéma, Jean-François Balmer, Victoria Guerra, Clémentine Pons, Andy Gilet, Ricardo Pereira…

Witold et Fuchs, deux étudiants un peu à la ramasse, débarquent un jour dans une pension familiale où ils louent une chambre commune pour une semaine. D’étranges événements se produisent : un moineau est retrouvé pendu dans la forêt, deux bouts de bois sont suspendus au-dessus d’un mur, des tâches d’humidité sont visibles sur le plafond, la servante a une bouche torve, etc… Que se passe-t-il ici ?...


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Photo film

Bienvenue dans la maison des fous !

Il y a donc un « cosmos », là-dedans. Et c’est quoi ? Bon, déjà, on nous parle à un moment donné de la Grande Ourse et de la Lune, mais huit secondes sur 1h42, c’est un peu court. On nous montre aussi plein d’éléments bizarres (voir synopsis ci-dessus) qui surgissent sans explication, tels des signes cryptiques qu’il faudrait interpréter – bon courage. On entend surtout plein de dialogues sentencieux qui ne veulent rien dire, déclamés haut et fort par des acteurs visiblement sous l’emprise d’une drogue encore non répertoriée – ça doit sûrement être de la bonne. Bref, voilà un « cosmos » qui échappe à tous nos repères, mais pour une fois, la remarque n’a rien de la promesse d’une expérience de cinéma stimulante et audacieuse. Parce qu’en moins de dix minutes, on sait déjà que le nouveau film d’Andrzej Zulawski va être effroyablement pénible à regarder.

Relevant hélas de l’épreuve pure et simple, ce navet en tous points navrant et auto-satisfait aura au moins un micro-mérite : refléter dans son titre cette sorte de bulle autiste et snobinarde dans laquelle Zulawski s’est appliqué à rester isolé. Que le cinéaste polonais n’ait rien enfanté de mieux que ce truc ni fait ni à faire au bout de quinze années de silence radio (on n’avait plus de nouvelles de lui depuis "La Fidélité") n’est pas simplement la nouvelle la plus atterrante de cette année de cinéma. C’est surtout la preuve de la déconfiture fatale d’un cinéaste autrefois célébré pour ses explorations viscérales de la folie ("Possession" reste son chef-d’œuvre), et parfois vilipendé pour sa propension à tout hystériser et ses penchants mystiques à la limite du grotesque. Avec "Cosmos", le stade terminal est atteint : Zulawski n’a plus rien à dire ni à filmer ni à faire ressentir, se limitant à faire plier l’œuvre d’un autre – le film est une adaptation de Gombrowicz – à son propre désir de démiurge prétentieux qui règnerait en maître sur son théâtre de l’hystérie la plus portnawak.

Précisons tout de suite que l’on se fiche de l’intrigue à peu près autant que de notre premier caleçon : en gros, deux étudiants étrangement bavards (l’un en mode rimbaldien maudit qui éructe des inepties, l’autre en mode Mickaël Vendetta et neurones en berne) interviennent dans une maison d’hôte où tous les résidents semblent avoir sérieusement pété une durite. Voilà. C’est tout. Ne rien attendre de plus de ce postulat qu’un foutoir de situations imbitables, d’acteurs en roue libre permanente et de répliques sentencieuses pour thésards en mal de branlette intellectuelle.

Ici, on cite Pasolini et Stendhal comme on discuterait du dernier disque de Mylène Farmer, on se paie la tête de Sartre et de Spielberg sans aucune raison, on considère que "L’important c’est d’aimer" est un titre débile (?!?), on passe d’un facepalm à l’autre en écoutant Jean-François Balmer débiter un verbiage incompréhensible, on se bouche les oreilles dès que Sabine Azéma pratique son exercice le plus casse-couilles (en gros, hystériser son jeu en montant sans cesse dans les aigus !), et on a surtout très envie de filer une bonne paire de claques à Jonathan Genet, sous-comédien que l’on imagine avoir été repêché au Pôle Emploi après une audition ratée pour Le Miel et les Abeilles et qui donne à l’expression « autisme du dadaïsme » sa plus belle justification.

Moins rébus cosmogonique que Kamoulox cauchemardesque, ce come-back foiré de A à Z écrabouille chacune de ses audaces à force de les empiler sans aucun équilibre de poids. Désordonner un récit est un exercice délicat, et Zulawski s’est visiblement dit que partir en vrille dans la dérision nonsensique serait l’esquive idéale – sauf que non. Peu importe qu’il y ait une limace sur un beurrier, un moineau pendu, un chat zigouillé, une lèvre chelou sur la bouche d’une soubrette, des petits pois éparpillés sur le lino, des phrases tapées à l’iMac sans qu’elles veuillent dire quelque chose et tout un tas de gesticulations imbitables qui font état d’une équipe en pleine dégénérescence mentale. Tout ce gros bordel pseudo-fantaisiste et crypto-iconoclaste se révèle être l’exact opposé d’un "Holy Motors" : là où Leos Carax infusait en permanence folie et mélancolie par une croyance infinie dans son art, Zulawski s’agite en vain dans une maison de fous qui forme ici sa propre cellule capitonnée. Qu’il soit devenu maboul ou sénile, le bonnet d’âne lui est acquis.

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