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Odile, une trentenaire à l’allure austère et renfermée, se voit hériter de la maison d’une tante bretonne venant de décéder. Lorsqu’elle se rend sur place afin de régler les papiers notariaux et de mettre la demeure en vente, Odile voit ressurgir un passé qu’elle pensait avoir oublié depuis son adolescence…
A l’occasion de son troisième long-métrage, Anne Le Ny nous emporte dans les contrées de notre magnifique Finistère pour un récit porté par le mystère et la confusion entre souvenir et réalité. C’est avec une extrême délicatesse que la réalisatrice dépeint son héroïne en pleine déroute sentimentale et en proie à des visions parfois difficiles à discerner. Anne Le Ny manie cette lisière insondable entre l’hallucination et la réalité grâce à une réelle patte qui apporte à « Cornouaille » plus qu’un soupçon d’onirisme. Les séquences de songes d’Odile sont, de ce point de vue, admirables.
C’est en échangeant avec la projection mentale de ses fantômes qu’Odile va prendre conscience petit à petit qu’elle ne peut plus vivre renfermée et aigrie, à trop vouloir gérer l’ingérable. Véritable tournant dans sa construction d’adulte, la mort de son père par asphyxie est un événement qu’il lui faudra finalement accepter pour se retrouver en paix avec elle-même. Sorte d’introspection curative d’une âme meurtrie par les aléas de la vie, « Cornouaille » est un film dans lequel il faut se laisser porter sans jamais s’attendre à une explication de tous les mystères parsemant l’intrigue.
Même si ces vides scénaristiques peuvent parfois paraître très frustrants, l’interprétation de l’ensemble du casting rattrape le tout. Vanessa Paradis est taillée pour incarner Odile, femme froide qui finit par se lâcher devant ses cousins et avec son voisin gothique. A mi-chemin entre femme et adolescente, l’actrice parvient à varier son jeu en adoptant l’un ou l’autre des comportements. Le casting des enfants est particulièrement réussi avec Martin Jobbert, incarnant le petit voisin gothique adepte des rites celtes, et la petite Jaïa Caltagirone, qui joue la petite Katel. Mais celui qui s’en sort le mieux reste Samuel Le Bihan, dans le rôle du mystérieux Loïc, ami d’enfance d’Odile. Sa posture à la fois désinvolte et concernée est très réussie et l’acteur s’en sort avec un personnage pas si facile à incarner. Seules les apparitions fantomatiques des membres de la famille d’Odile sonnent faux. Elles sont heureusement assez parcimonieuses pour ne pas ruiner toute la crédibilité de cet univers si délicat.
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