© Universal Pictures International France
En 1887, la Reine Victoria vieillissante, lors des cérémonies du Jubilée, à la fin d’un repas, reçoit un Mohul, présenté par deux Indiens, dont Abdul, qui malgré les recommandations, ose la regarder dans les yeux. Le lendemain, alors qu’ils étaient sur le point de repartir, la Reine fait convoquer Abdul dans ses appartements…
Plus habitué des comédies sociales ou contemporaines, l’anglais Stephen Frears s’empare ici d’une histoire incroyable, révélée en 2011 au grand public lors de la levée du secret sur les archives royales, pour faire à la fois un film documenté historiquement et une comédie plutôt enlevée. Faisant dès le début monter la tension, en montrant la ridicule agitation qui règne à Windsor au moindre signal de la potentielle présence de sa majesté, l’auteur nous permet d’emblée de toucher du doigt tout le poids de la figure royale (il ne montre jamais son visage… jusqu’au fameux repas), tout en se donnant ainsi le temps pour introduire sereinement l’ensemble des personnages secondaires.
Osant montrer une reine fatiguée, se prenant d'intérêt puis d'affection pour un serviteur indien venu à Londres pour la célébration de ses 50 ans de règne, Frears décortique une relation qui lui permet d’oublier son ennui grâce à l'apprentissage de la langue Urdu et à la compagnie du jeune homme, autant admiratif que désireux de partager sa culture. La franchise naturelle de cet homme (touchant et lumineux Ali Fazal, vu dans "Fast and Furious 7"), permet ainsi à la reine (Judi Dench magistrale, dans un rôle qu’elle a déjà tenu dans " La dame de Windsor") de sortir ainsi de sa routine protocolaire.
Sur un ton de comédie légèrement irrévérencieuse, le nouveau film de Stephen Frears fonctionne donc grâce au charme de la rencontre de deux cultures, à deux personnages à l'usure et à l'optimisme opposés, et aux tensions développées avec une maisonnée engoncée dans des traditions d'un autre temps, qui prêtent forcément aujourd'hui souvent à rire. Peinture d’un réveil tardif de la curiosité, devenant envie de voyages et de rencontres, "Confident royal" prend sur le tard une dimension partiellement politique, entre manigances de la cour et réalité des conventions sociales de l’époque.
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