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Conan le Cimmérien, né sur le champ de bataille, destiné à de grandes aventures, voit dès son enfance son père se faire tuer par le maléfique Khalar Zym, conquérant à la recherche de la couronne qui lui donnera une force sans égal.
Il en fallait du courage pour s’attaquer à l’une des Arlésiennes cinématographiques les plus sensibles et bancales. Comment s’attaquer à une suite, remake, reboote d’un chef-d’œuvre de l’héroic fantasy (dark fantasy même), à une nouvelle adaptation de l’une des nouvelles de Robert E. Howard, sans se vautrer les pieds dans le tapis d’un development-hell (ndlr projet dans les limbes de la création) vieux de plus de 20 ans ? Certainement pas en engageant Marcus Nispel, qui se révèle vraiment comme le plus grand imposteur des années 2000 (il ne faut pas oublier que le parrain du monsieur n’est autre que Michael Bay…).
Le chef d’œuvre de John Milius, « Conan Le Barbare » (1982) avec Arnold Schwarzenegger, est considéré comme intouchable. Pourtant, déjà, l’auteur d’ « Apocalypse Now » se détachait complètement de l’œuvre d’Howard pour livrer un monument sur la vengeance, une œuvre opératique et philosophique (oui oui !) transformant Schwarzy en méga star. C’est le créneau que Nispel nous promettait d’exploiter : adapter fidèlement Howard et non remaker le Milius…. Or il échoue platement. Oui, ce Conan version 2011 a en apparence plus à voir avec l’œuvre du meilleur ami d’H.P. Lovecraft. Le personnage présente clairement un C.V. avantageux pour un jeu de rôle : voleur, pirate, tueur, barbare (donc), aventurier (et futur roi ?). Si Schwarzy l’avait transformé en un haltérophile iconique, Jason Momoa (« Stargate Atlantis » et surtout la série « Le Trône de fer ») lui redonne son aspect félin et agile. C’est malheureusement l’unique point positif du film.
Le seul atout de Marcus Nispel est qu’il sait filmer les icônes. Que ce soit Leatherface (ou les fesses de Jessica Biel) dans le remake de « Massacre à la tronçonneuse », Jason Voorhees dans le remake de « Vendredi 13 » ou le personnage joué par Clancy Brown dans le désormais nullissime « Pathfinder » (arrête de nous faire croire que la production a massacré ton film, Marcus, n’est pas McTiernan qui veut) et désormais Conan, Nispel les filme comme des dieux. Enfant ou adulte, Conan en impose, il a de la présence (plombée par des répliques de bas niveau), mais cela s’arrête là… Le reste est désespérément vide. Il suffit de voir la très sympathique scène d’introduction, dans laquelle on suit un Conan gamin combattre et décapiter quatre ennemis, puis rapporter leurs têtes au village, pour se dire que si le spectacle continue ainsi, Nispel aura remporté son pari. Or il n’en est rien. D’une part, Nispel se détache d’Howard en moins de 5 minutes (Conan n’a jamais été la brute tel qu’il est montré étant enfant) et d’autres part, la sauce retombe immédiatement dès l’apparition du méchant.
Comme chacun le sait, tout bon film se doit d’avoir un antagoniste d’envergure afin de donner de l’enjeu à l’histoire. Prenez Darkness dans « Legend », Sauron dans « Le Seigneur des anneaux » ou dans un autre style le nazi joué par Ralph Fiennes dans « La liste de Schindler ». Là, nous avons à faire à Stephen Lang (« Avatar », « Public ennemies ») qui cabotine à outrance dans le rôle de Khalar Singh, un seigneur de guerre à la recherche d’une couronne censée lui apporter un pouvoir divin. L’ellipse sur la croissance de Conan diminuant l’intérêt pour cette quête (Khalar passe donc 20 ans en vacances…. ou il attend tel Voldemort que son Némésis devienne un vaillant guerrier…), le peu d’entrain qu’il met à retrouver le dernier élément (le sang d’une princesse) font qu’à aucun moment on ne sent Conan en danger. Ce ne sont pas les pauvres scènes d’une attaque de pirates ou du combat contre une pieuvre qui vont relever le niveau.
Mal monté, mal filmé (la désormais tristement célèbre scène de poursuite de « Quantum Of Solace » est un monument de clarté, en comparaison), une musique hideuse qui doit donner envie au regretté Basil Poledouris (l’auteur de l’une des meilleures bandes originales de l’Histoire du cinéma avec celle du « Conan » de 82) de se retourner dans sa tombe, font de ce « Conan » un piètre successeur (même si cela reste plus regardable que « Conan le destructeur » et « Kalidor » de Richard Fleischer), un coup d’épée dans l’eau et très certainement le retour dans les limbes pour l’un des meilleurs concepts, l’une des meilleurs sagas et l’un des plus grands personnages de l’heroic fantasy.
Ce Conan-là, mieux vaut s’en passer et le jeter aux oubliettes (avec Nispel) pour retourner, au choix, soit aux sources howardiennes, soit vers le monument milusien. Par Crom ! Lui au moins, il défonçait des chameaux à coups de poing !
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