affiche film

© La Belle Company

COMMENT C’EST LOIN


un film de Orelsan, Christophe Offenstein

avec : Orelsan, Gringe, Ablay, Skread, Seydou DoucourĂ©, Claude Urbiztondo Llarch, Sophie de FĂŒrst, Paul Minthe, ChloĂ© Astor


Orelsan travaille comme rĂ©ceptionniste dans un hĂŽtel tenu par un vieux raciste. Gringe est un chĂŽmeur qui passe son temps Ă  ne rien faire. Tous deux ont la trentaine, expriment la difficultĂ© de leur quotidien dans des textes de rap Ă  fond dans le mauvais goĂ»t, et galĂšrent Ă  Ă©crire leur premier album. Leurs producteurs leur imposent alors un ultimatum : ils ont vingt-quatre heures pour Ă©crire un morceau qui leur conviennent. Plus facile Ă  dire qu’à faire



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Photo film

Bloqués
 pour de vrai !

Passer au cinĂ©ma n’est jamais une mince affaire lorsque l’on vient d’un milieu artistique qui lui est antagoniste. Mais entre le rap et le cinĂ©ma, la passerelle n’est pas impossible, surtout quand on voit les utilisations qu’en ont respectivement fait Eminem dans "8 Mile" et AkhĂ©naton dans "Comme un aimant". MĂȘme programme dans les deux cas : utiliser le rap comme outil d’expression d’un quotidien prĂ©cis, et calquer perpĂ©tuellement son montage sur l’énergie du flow et du phrasĂ©. On frĂ©tillait d’impatience de voir le gĂ©nial Orelsan (rappeur originaire de Caen dĂ©jĂ  rĂ©putĂ© pour ses textes jouissifs et ses punchlines fracassantes) se lancer Ă  son tour dans l’aventure. Du moins, avant de se rappeler l’existence d’une petite pastille tĂ©lĂ©visĂ©e bien rigolote, diffusĂ©e depuis peu sur Canal+, et dont ce film constitue en quelque sorte une dĂ©rivation pour le grand Ă©cran


Pas la peine de tourner autour du pot : "Comment c’est loin", c’est le concept de "BloquĂ©s" Ă©tirĂ© sur 1h30 en prenant juste soin d’extraire Orelsan et Gringe de leur canapĂ© afin de crĂ©er un minimum de mouvement et de dynamisme dans la narration. Le souci, c’est que le long-mĂ©trage n’est jamais dynamique : Ă  l’image de ses deux hĂ©ros un peu glandeurs et paumĂ©s (qui rappellent beaucoup Jay et Silent Bob, les deux guignols obsĂ©dĂ©s inventĂ©s par Kevin Smith), le film tourne sans cesse en rond, fait du surplace en comptant au maximum sur les rimes et les vannes pour mieux faire illusion, et se sert du cinĂ©ma comme d’un prĂ©texte plus qu’autre chose. Quelques plans fixes surnagent bien ici et lĂ  (surtout celui de l’abribus, de loin la meilleure scĂšne du film), mais ce sont des plans Ă  la dimension trĂšs tĂ©lĂ©visuelle, et qui, en l’état, ne font que rendre le dĂ©coupage narratif extrĂȘmement terne.

Alors, certes, les fans d’Orelsan – dont fait partie l’auteur de ces lignes – se rĂ©jouiront de quelques moments musicaux Ă  la fois punchy et trĂšs inspirĂ©s, et le dĂ©calage burlesque des deux « Casseurs Flowters » (qui vont mĂȘme ici jusqu’à revendiquer leur amour pour "Highlander" et "Winter le Dauphin" !) ne manque jamais l’occasion de nous chatouiller les zygomatiques. Reste que, dans le registre des pastilles Canal+ transformĂ©es en films, Camille Cottin faisait preuve d’un culot monstrueusement gonflĂ© avec sa "Connasse" lĂ  oĂč Orelsan et Gringe n’arrivent pas Ă  insuffler assez d’énergie dans leur partition. La preuve la plus tragique de ce dĂ©calage restera le fait d’ĂȘtre incapable de considĂ©rer leur crĂ©ation du « morceau final » comme une victoire, vu la mollesse de tout ce qui a prĂ©cĂ©dĂ© dans le rĂ©cit. Du dĂ©but Ă  la fin, on les sent
 bloquĂ©s.

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