©pan européenne edition
François, gagnant du Loto et accessoirement malade du cĆur rencontre Daniela, une magnifique prostituĂ©e italienne dont il tombe subitement amoureux. Il lui propose de venir vivre chez lui pour 100.000 Euros par mois afin de le rendre heureux. Commence alors une relation tumultueuse oĂč se croise une plĂ©iade de personnages secondaires, allant de lâami mĂ©decin Ă©bloui par la nouvelle arrivante, Ă lâancien mac qui cherche absolument Ă prouver quâil est un vrai « mĂ©chant ». Lâamour pourra-t-il naĂźtre entre ce petit homme et cette grande femme ?
Alors que les belles histoires dâamour se doivent dâĂȘtre traitĂ©es avec lĂ©gĂšretĂ©, Blier sombre dans une lourdeur effarante et digne de la comĂ©die française. Si les quelques plans en extĂ©rieur, qui ouvrent le film, rĂ©vĂšlent un vĂ©ritable Ćil dâesthĂšte, on ne peut pas en dire autant du reste du film qui se passe en intĂ©rieur⊠La rĂ©alisation de Blier devient plate, digne des plus grandes sitcoms française des annĂ©es 90. Blier invente alors un procĂ©dĂ© pour ouvrir les espaces. Explication : Alors que se dĂ©roule une scĂšne dâapprentissage de lâautre (entre un Campan dĂ©cevant par sa stĂ©rilitĂ© Ă©motionnelle et une Bellucci dĂ©cevante par son exagĂ©ration Ă la limite de la commedia dellâarte) dans une atmosphĂšre trĂšs cosy, Blier trouve bon dâĂ©clairer subitement plein pot et de face les acteurs au moment dâun « je tâaime » pathĂ©tique qui nous est balancĂ©, au bout de 20 minutes de films, par un Campan qui ne croit pas ce quâil dit, le tout sur un air de Traviata mal venu. Il rĂ©utilisera encore deux ou trois fois ce procĂ©dĂ© lors de longues tirades auto-explicatives.
Bien sĂ»r, ce film a le mĂ©rite dâĂȘtre un vĂ©ritable Whoâs who du cinĂ©ma français : Bellucci, Depardieu, Campan, Edouard Baer (toujours fidĂšle Ă lui mĂȘme en dandy fĂȘtard et dĂ©calĂ©) et mĂȘme Darroussin dans un rĂŽle de client. Mais si beau casting il y a, lâinterprĂ©tation des acteurs sus-citĂ©s se devrait dâĂȘtre Ă la hauteur. HĂ©las, Blier demande Ă ses acteurs dâĂȘtre thĂ©Ăątraux, de parler bien fort face Ă la camĂ©ra, en dĂ©clamant de longues tirades sur lâamour, la baise et lâamitiĂ©. Et triple hĂ©las Blier semble oublier quâil fait du cinĂ©ma, et non du thĂ©Ăątre, et quâen demandant Ă ses acteurs dâen faire des caisses tout en restant naturels (eh oui je le rĂ©pĂšte, on ne mĂ©lange pas cinĂ©ma et thĂ©Ăątre), il les oblige Ă ĂȘtre ridicules. Disons le franchement : Bellucci feint lâOrgasme pendant 1h30, Campan feint de jouer pendant 1h30, et nous⊠on sâennuie ferme pendant ce temps lĂ !
Mais reste tout de mĂȘme quelques moments de franche rigolade, avec un Depardieu surexcitĂ© dans le rĂŽle du « mĂ©chant » de lâhistoire, sorte de mac je mâen-foutiste qui se prend pour Scarface, mais qui nâest finalement pas si mĂ©chant. Quelques rĂ©pliques sont aussi aptes Ă vous donner le fou rire avant le prochain quart dâheure dâennui extrĂȘme et mortel. Il faut tout de mĂȘme reconnaĂźtre Ă Blier le mĂȘme talent que mon prof dâhistoire au lycĂ©e : Celui de ralentir le temps afin quâun film dâ1h30 dure plus de trois heures dans votre esprit.
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