© Wild Bunch Distribution
Après la mort de leur mère, deux frères se lancent dans une série de braquages. S’ils visent uniquement des petites agences, deux rangers vont rapidement se mettre sur leur trace. La moindre erreur risquerait alors de leur être fatale…
Le Texas. Le désert rocailleux. Les plaines arides et poussiéreuses. Nous sommes dans un décor traditionnel de western. Pourtant, "Comancheria" (du nom de la région dans laquelle historiquement le peuple amérindien des Comanches avait établi résidence) est tout sauf un film comme les autres. Western urbain et moderne, le métrage débute sur un parking où un tag évoquant la guerre en Irak apparaît dans un recoin de l’image. Tout sauf anodin, ce plan est symbolique d’une œuvre profondément ancrée dans son époque, celle où la crise économique a fait ses ravages, où le rêve américain a laissé place au désenchantement et à la résignation.
Mais ce qui distingue également cette production des autres du même genre, ce sont les motivations des protagonistes. Ici, il n’est pas question de cupidité ou de soif d’argent. Les deux frères se lancent dans des braquages pour une seule et unique raison : sauver le ranch familial qui pourrait tomber dans les mains d’une banque suite au décès de leur mère. Habité par la haine envers ce système, les deux hommes n’attaqueront ainsi que les petites agences de ladite banque, lui reversant ensuite l’argent attendu pour rembourser leurs dettes, plan aussi insensé qu’astucieux et jouissif. Cette première collaboration entre le réalisateur David McKenzie ("Perfect Sense", "Les Poings contre les murs") et le scénariste Taylor Sheridan ("Sicario") ne déçoit pas, donnant naissance à un projet singulier, une quête rédemptrice flirtant aussi bien avec le polar que la comédie bavarde.
Avec une mise en scène efficace et appliquée, le métrage impressionne tout d’abord par sa beauté visuelle, mais également par sa capacité à caractériser ses personnages avec un simple regard. Chaque dialogue est pensé et utile, le cinéaste n’ayant pas peur des silences, usant habilement de sa caméra pour servir son propos. L’autre point fort, outre le talent des comédiens, est cette construction narrative ambitieuse et audacieuse. Car en enfermant ses héros dans les codes du buddy movie (aussi bien pour le duo de malfrats que celui des flics), "Comancheria" aurait pu sombrer dans tous les écueils attendus. Heureusement pour le spectateur, c’est tout le contraire qui se produit, offrant par la même occasion un rôle en or à Jeff Bridges en Ranger pressé d’être à la retraite, dégainant aussi rapidement son arme que les blagues sur les Indiens. Drame tendu et nerveux, le film se conclut par un brillant final, assumant pleinement son absence de moralisme. C’est beau, et en plus, c’est bon !
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