affiche film

© EuropaCorp Distribution

COLOMBIANA


un film de Olivier Mégaton

avec : Zoe Saldana, Jordi Molla, Cliff Curtis...

1992. Colombie. Cataleya voit ses parents se faire tuer sous ses yeux lorsqu’elle est enfant, exécutés par un baron de la drogue. Elle réussit à s’en sortir en allant retrouver son oncle qui vit aux Etats-Unis, mais décide instantanément qu’elle vengera ses parents. Adulte, elle entreprend donc de s’acquitter froidement de cette mission, en dessinant une orchidée sur le torse de ses victimes...


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Photo film

De l’action, et pour une fois un peu d’émotion

Les détracteurs de Luc Besson sont nombreux, pourtant ses films (réalisés ou produits par ses soins) sont attendus par le public, la critique, et le tout est savamment entretenu par un système marketing aiguisé. Il y a donc indéniablement une excitation qui précède chacune de ses productions, d’autant qu’on le sait capable de faire très bien, « Taken », et beaucoup moins bien, « Le Transporter 3 ».

« Colombiana » se situe dans le haut du panier. La première surprise, réelle, est qu’en partant d’un pur film d’action, Besson et son metteur en scène Olivier Mégaton parviennent à insuffler une humanité à leurs personnages, que ce soit Cataleya, son amant ou son oncle. On n’avait pas vu cela depuis « Taken », et il est fort agréable d'observer des comédiens se livrer émotionnellement, avec des mimiques et des gestes emprunts d’un grand naturel, faisant remonter leurs tripes à la surface. On sent littéralement les personnages à fleur de peau, et s’il n’est jamais question d’accepter leur comportement, on les comprend du point de vue de leurs propres émotions.

La musique se fait dans ces moments là un peu trop présente, mais le principal est que cela fonctionne : nous sommes touchés. Car c’est bien cela l’important. Pas tellement l’enjeu du scénario « Vengeance is beautiful », comme se plaît à nous le rappeler le slogan sur l’affiche, mettant sans délicatesse le film dans le puits sans fond du genre de la vengeance comme des milliers d’autres. Luc Besson, qu’il est impossible de ne pas voir derrière la thématique dominante (la vengeance renvoie explicitement à ses propres films de réalisateur « Nikita », « Léon », ou de producteur, « Taken », et ce film constitue d’ailleurs une suite féminine volontaire), derrière des dialogues parfois un peu maladroits, derrière un rythme on ne peut plus soutenu, mais aussi derrière le scénario dans son ensemble.

Quelques scènes sont ainsi très bien pensées, comme celle du commissariat, la plus belle du film peut-être, où Cataleya se faufile avec dextérité dans la ventilation pour passer dans une cellule proche de la sienne et tuer un homme, avant de revenir dans la sienne, ni vue ni connue. A contrario, d’autres moments laissent pantois quant à leur absence de crédibilité, notamment le passage au début, où Cataleya, petite fille, parvient en courant à aller plus vite qu’une voiture qui la poursuit et saute de partout comme une Yamakasi (le film a déjà été fait, a-t-on envie de dire), vêtue de sa robe d’enfant bien sage. Son stoïcisme lorsque ses parents se font tuer donne un beau plan de cinéma mais est humainement incompréhensible. Et on ne parlera pas du fait qu’elle n’est jamais blessée. On est cependant ravis de voir Zoé Saldana, un peu plus humaine après sa présence toute de bleue dans « Avatar », donner chair à cette femme meurtrie, même si ses tenues parfois inutilement légères en font décidément une héroïne Bessonienne presque anorexique, mais pour une fois jamais vulgaire. Il résulte d’elle une certaine fragilité psychologique en même temps qu’un aspect « machine à tuer » étonnement efficace.

Le réalisateur Olivier Mégaton parvient à tirer avantage de cette nouvelle commande, grâce à ces personnages palpables et à un réel savoir faire. Il est toujours près d’eux, insuffle du rythme et rend un film plutôt stylisé, ne tirant pas trop sur les courtes focales comme il le faisait pour « La Sirène Rouge », et montre qu’en France on peut faire de beaux films d’action. Il revendique notamment clairement une influence de Jason Bourne, ce qui n’est pas pour nous déplaire, mais tire trop sur son montage qui devient un peu épileptique, et nous rappelle désespérément que ces montages à la Michael Bay ou à la Paul Greengrass, très « cut », sont aujourd'hui omniprésents. (même si Greengrass a une œuvre plus respectée, ses montages ne sont pas franchement calmes). On regrette dans ce moments là la saga « Matrix », si belle et pourtant si décriée. On en ressort pas vraiment surpris, mais agréablement divertis.

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