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© Haut et Court

CITIZENFOUR


un documentaire de Laura Poitras

En 2013, l’un des plus grands scandales politiques est dévoilé : un système massif de surveillance est orchestré par la NSA, touchant un nombre incalculable de personnes. Derrière ces révélations, on retrouve un administrateur systèmes, Edward Snowden. Le documentaire raconte en temps réel les coulisses de ces informations…


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Photo film

Une plongée exceptionnelle dans les coulisses de l’un des plus gros scandales de notre époque

Comme nous l’indique le carton initial, Laura Poitras signe avec « Citizenfour » son dernier opus d’une trilogie sur l’Amérique post-11 septembre. Retraçant chronologiquement et au jour le jour le déroulement de ce qui est communément appelé « l’affaire Snowden », le documentaire auréolé de sa victoire aux Oscars est une œuvre captivante et passionnante sur cet immense système d’enregistrements et d’espionnage révélé au grand jour. En Décembre 2012, la réalisatrice s’intéressait déjà à ces programmes de surveillance de masse lorsqu’elle fut contactée par Edward Snowden. Dès lors, ils vont mettre en place une stratégie qui aboutira à la publication des documents qu’on connaît et à ce documentaire, portrait intime d’un homme prêt à tout pour que le grand public puisse ouvrir les yeux sur cette réalité.

Car chez Edward Snowden, il y a cette incroyable rage qui l’anime, ce dégoût profond d’un système qui brise les libertés individuelles, qui balaye le respect de la vie privée, au nom d’enjeux économiques et politiques déconnectés des préoccupations citoyennes. Sous le prétexte de la menace terroriste, c’est une grande partie de la population américaine, et mondiale, qui a été plus ou moins espionnée. Révolté, il avait prévu dès le début d’apparaître au grand jour, de montrer au monde qu’il n’a pas peur de la NSA, du FBI ou de la CIA, non pas pour s’ériger en héros, mais simplement pour révéler les dérives des autorités que chaque individu devrait connaître.

Son seul leitmotiv était que ces informations soient révélées de la meilleure manière possible, pour qu’elles touchent le plus grand nombre, faisant ainsi entièrement confiance aux journalistes qu’il a contacté dont Glenn Greenwald, l’autre grand personnage du film. Et il est fascinant de voir comment tout ce séisme politique s’est joué dans les entrailles d’une petite chambre d’hôtel à Honk-Kong, comment chaque article était méticuleusement préparé et élaboré. Se focalisant sur Edward Snowden, et plus précisément, sur ces quelques jours passés dans cet hôtel, le métrage revient également sur les conséquences engendrées par le scandale, notamment à travers les différentes commissions chargées d’enquêter sur les affaires.

Formellement classique, « Citizenfour » vaut uniquement pour son sujet vertigineux. Car grâce à celui-ci et à un montage aiguisé, la cinéaste parvient à habiller son documentaire comme un thriller paranoïaque, à coups de mails cryptés et de mensonges des autorités américaines. N’ayant rien à envier aux romans de John Le Carré, le film nous plonge dans le quotidien d’Edward Snowden, à un moment si particulier de son existence, correspondant aux jours où sa vie a irrémédiablement été chamboulée. Capturant chacune de ses émotions, le documentaire utilise les mots de celui-ci pour disséquer la complexité des programmes de surveillance et rendre compréhensible l’impensable. En contrechamps, une société où le mot « liberté » a perdu tout son sens…

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